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Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)
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Auteur:  Tom [ 28 Nov 2012, 01:39 ]
Sujet du message:  Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)

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L'essence même de la série B. C'est bricolé de partout, on voit les articulations, c'est envahi de voix-off qui fait le lien et remplit gauchement les vides, voire qui explique ce qu'on ne peut pas montrer. Le film s'arrête dès qu'il le peut en intérieurs, s'étale des séquence entières dans une même pièce, se plonge dans la nuit dès qu'il doit se confronter aux extérieurs, l'acteur principal brode honnêtement sur un archétype... Enfin voilà, ça a ce goût-là, mais c'est aussi vivant et inspiré que Le Chat noir - et contrairement à ce dernier, le scénario est cette fois-ci à la hauteur. Ça reste un script "à pitch", content de sa petite fatalité joueuse, et bien incapable de conclure autrement que de manière petite, mais les dialogues sont super bons (les premiers échanges avec l'auto-stoppeuse sont géniaux, pas le temps de s'ennuyer, la situation change toutes les deux minutes).

J'ai du voir les deux meilleurs d'Ulmer du coup, là, non ?

En tout cas j'aime de plus en plus ce format B hollywoodien sur la période classique, la durée d'une heure qui est juste idéale, qui condense tous les enjeux de manière efficace mais qui, parce que justement l'ambition narrative générale est plus modeste, peut se permettre la liberté de longs passages discutés par exemple. C'est boiteux mais super frais.


Attention, le DVD français est immonde, pour une qualité d'image correcte essayez l'édition espagnole (y en a sans doutes d'autres, vu que le film est tombé dans le domaine public, mais j'en ai pas trouvé).

Auteur:  Tetsuo [ 28 Nov 2012, 10:28 ]
Sujet du message:  Re: Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)

C'est quoi les deux meilleurs Ulmer (je connais pas du tout) ?

Auteur:  Jack Griffin [ 28 Nov 2012, 10:43 ]
Sujet du message:  Re: Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)

Cinéaste peu diffusé, y'avait eu une rétro y'a pas longtemps à la cinémathèque (j'y étais pas)

Tetsuo a écrit:
C'est quoi les deux meilleurs Ulmer (je connais pas du tout) ?


Les plus connus, Détour donc, le chat noir et un western Le bandit.

J'avais vu aussi Man from planet x qui est assez sympa (on retrouve la créature dans le Looney toons de DAnte :mrgreen: )
https://www.youtube.com/watch?v=EzyygJ7XwDQ

Auteur:  Prout Man [ 28 Nov 2012, 10:50 ]
Sujet du message:  Re: Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)

Le vrai chef-d'oeuvre d'Ulmer est trop méconnu, c'est RUTHLESS.
Viennent ensuite les excellents THE NAKED DAWN et HER SISTER'S SECRET. Et enfin, THE STRANGE WOMAN, DETOUR, BLUEBEARD, LE CHAT NOIR et THE MAN FROM PLANET X.

Auteur:  Tom [ 28 Nov 2012, 11:33 ]
Sujet du message:  Re: Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)

3 réponses à un topic, j'ai failli avoir une attaque.


Moi j'avais toujours lu Le chat noir et Détour (qui sont donc effectivement très bien). Tant mieux pour les autres titres, je me sentais pas d'aller explorer le reste de la filmo géante au petit bonheur al chance...

J'ai une question d'ailleurs : est-ce que vous savez comment on peut trouver avec quel autre film les séries B étaient diffusées dans leur double-programme ? (ou alors est-ce que ça dépendait des cinémas ?)

Auteur:  Caribou [ 04 Sep 2015, 13:48 ]
Sujet du message:  Re: Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)

Tom a écrit:
L'essence même de la série B. C'est bricolé de partout, on voit les articulations, c'est envahi de voix-off qui fait le lien et remplit gauchement les vides, voire qui explique ce qu'on ne peut pas montrer. Le film s'arrête dès qu'il le peut en intérieurs, s'étale des séquence entières dans une même pièce, se plonge dans la nuit dès qu'il doit se confronter aux extérieurs, l'acteur principal brode honnêtement sur un archétype...


Tellement des détails qu'on pourrait croire que c'est la copie dvd du film qui est en cause; ça dure 1h08, ça a en effet était tourné à la va-vite (six jours) et sans moyens, c'est bien envahi par les brumes pour cacher le manque desdits moyens, et, oui, la voix-off est très, trop présente (mais très bien écrite), bref.
L'acteur est très bon, pas juste honnête, il annonce l'excellent Jason Patric de After Dark, My Sweet. Le film semble très en avance sur son temps, rappelant plutôt les polars de Jim Thompson, lequel s'était à peine mis à écrire, et qui seront adaptés beaucoup plus tard au cinéma (The Getaway, The Killer Inside Me, Coup de Torchon, Série Noire etc.

Tom a écrit:
Ça reste un script "à pitch", content de sa petite fatalité joueuse, et bien incapable de conclure autrement que de manière petite, mais les dialogues sont super bons (les premiers échanges avec l'auto-stoppeuse sont géniaux, pas le temps de s'ennuyer, la situation change toutes les deux minutes)


"content"? "petite"? Je trouve ça bien condescendant comme vocabulaire.

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 04 Avr 2020, 23:40 ]
Sujet du message:  Re: Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)

Oui c'est vraiment bien, à la fois simple et tordu (je comprends pourquoi le critique de culturopoing a rapproché la partie avec Shelley Winters de A Double Life de Cukor du cinéma d'Ulmer).
L'aspect film B tient en fait à la durée ramassée (1H 07, qui semble typique de ce format*
et le fait d'expédier d'une phrase la scène centrale où Al doit bien se résoudre à expliquer à Vera ce qu'il s'est passé, tout en détaillant le reste
), mais la conduite du récit, les dialogues et les cadrages sont admirables (la caméra est super-mobile, il y a pas mal d'extérieurs pour l'époque). Les bons films noirs ne sont pas si éloignés du vertige métaphysique et de l'humour des pièces de Beckett qui leur sont contemporaines
le fait qu'il n'y ait pas de raison à la mort d'Haskell qui déclenche l'engrenage est génial
, mais finalement en y ajoutant l'inscription sociale (face à cette cruauté métaphysique, cette dimension réaliste et sociale est finalement placée à la place du spectateur de la tragédie, plutôt qu'elle ne constitue le sujet de l'histoire, l'aliénations e transforme en regard).

La vie de Tom Neal (très bon) fût encore plus glauque que son personnage dans le film.

*Le Lâche de Satyajit Ray (pas vraiment un film noir, mais dont le triangle décrit a un côté ulmerien tiens...) dure lui-aussi 1h07, ce qui indique une forme de standardisation commerciale qui prévalait encore dans les années 60.

Lynch a du voir ce film, on le retrouve un peu dans Lost Highway (le plan où la caméra rase la personne dormant dans un lit, qui doit correspondre forcément à un regard humain réel et pourtant impossible, car la pièce est fermée) ou Blue Velvet.

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 05 Avr 2020, 00:21 ]
Sujet du message:  Re: Détour (Edgar G. Ulmer, 1945)

Prout Man a écrit:
Le vrai chef-d'oeuvre d'Ulmer est trop méconnu, c'est RUTHLESS.


On le trouve sur archive.org (sans doute passé dans le domaine public - aux USA)

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