Quel pied ! Vu deux fois dans la même semaine après les recommandations du duo Degryse/Castorp : le parti-pris romanesque et déstructuré m'a complètement happé. Dès le début, l'évacuation de tout glamour potentiel dans la représentation du héros et de ses actes (les bruitages outranciers quand il tue un de ses collègues) oblige à laisser à la porte tout préjugé moral (jusqu'au final ).
L'opposition entre la famille respectable où se trame un adultère entre le père pieux dévot et sa bru atomique et le foyer misérable où mère et fille jouent les proxénètes se base certes sur la lutte des classes, mais le caractère anarchiste et indomptable du tueur lui est totalement propre (on ne peut même pas dire qu'il est corrompu par l'impérialisme yankee ni par la religion de son père) et la scène atteint des abimes de noirceur sans lancer la moindre corde explicative au spectateur. Aussi hypnotique (le film avance par à-coups des méfaits d'Enokizu) que complètement brillant.