2007... pour toi, Cowboy.
Ouah comment j'ai la flemme d'écrire... Allez. Je vais commencer par dire que c'est sans doute la découverte, pour moi (je sais, trois wagons de retards, comme d'hab), d'un des meilleurs cinéastes français en activité. Direct en haut, à côté de Despallières et de quelques rares autres.
Ça faisait très, très, trèèèèèès longtemps que je n'avais pas senti un film aussi frais, aussi libre, qui me rend incapable de deviner le plan qui va suivre. Les premières minutes, à ce train-là, c'est feu d'artifice : seconde après seconde, des baffes de cinéma en pleine gueule, l'impression de voir du génie en action. C'est beau, c'est extrêmement cinématographique (comme dit Zad, que je rejoins quasiment sur toute sa critique : une idée par plan) - putain, la dernière fois que j'ai ressenti ça, ça devait être devant Tabou d'Oshima, ou des Gus Van Sant. C'est éblouissant. Et Testud est extraordinaire, dès le début, alors qu'elle ne fait que faire son lit, elle occupe déjà tout l'espace, elle dégage du charisme...
Comment fait Bozon pour réussir l'exploit de ne pas en faire un film immense, et bien c'est un joli mystère. En fait, très vite, il s'avère que ce sera d'abord et avant tout un réservoir à idées, à expérimentations, comme un coffre au trésor - le Paranoid Park français -, non sans un côté un peu hype et poseur (les chansons, entre autres, en tout cas la façon dont elles sont amenées ; ou encore les lectures). Le concept à beau être fort, j'ai le sentiment que Bozon n'est pas très intéressé de savoir vers où va cette histoire, de donner du sens et de la portée à ce voyage, alors qu'il aurait pas fallu grand chose (à ce titre, la citation finale me fait un peu rire : j'ai l'impression qu'on aurait pu mettre n'importe quoi d'autre, ça n'aurait pas changé quoique ce soit). Attention, faut pas croire, l'ensemble est extrêmement tenu et cohérent, d'une précision quasi absente du cinéma français, mais le film finit par se faire un peu froid à force de ne pas se promettre quelconque apothéose, de ne pas avoir de réel but... L'interprétation des acteurs, qui hésite entre plusieurs registres qui parfois s'annulent, est à l'image de ce manque d'horizon véritable.
Voilà, c'est des réserves de bâtard, parce qu'il y a vraiment de quoi se prosterner. C'est super prometteur.