Sortie à peine officielle du docu de Jia Zhang Ke au MK2 Beaubourg tous les jours à 11h50...
Bon, je vais avoir du mal à en parler... J'ai vraiment l'impression d'être passé totalement à côté du film. Je n'ai pas arrêté de m'interroger sur l'intérêt de ce que je voyais. J'ai eu l'impression d'assister à la projection de rushes d'un film à venir -- ou plutôt d'un ours très sommaire... Je ne comprends pas ce que Jia Zhang Ke veut dire, je ne vois pas où le film veut en venir, je suis en attente de quelque chose et rien ne vient. Du coup, je me suis ennuyé comme rarement, et c'est peut-être la première fois qu'une heure dix m'a paru durer trois heures...
Grande souffrance et en même temps grande frustration, car la plupart des plans sont sublimes, surtout ceux tournés dans les Trois Gorges (l'escapade en Thaïlande est moins saisissante visuellement), Zhang Ke a un sens du cadre à se damner, et la photo bruineuse de la première partie est d'une splendeur divine. Et le son, d'une clarté étonnante, n'est pas en reste. Je me demande si Zhang Ke ne bossait pas avec une équipe plus fournie que sur la plupart des docs. Si ce n'est pas le cas, chapeau.
Par contre, je suis régulièrement gêné par ce qu'on sent de fabriqué dans pas mal de ses plans. Beaucoup de travellings, techniquement irréprochables, d'une fluidité éblouissante, tombent trop bien par rapport à l'action, beaucoup de plans où la caméra a de l'avance sur l'action... C'est qqch qui pourrait ne pas me gêner si le documentaire était clair sur son dispositif de captation -- mais il ne l'est pas.
Alors oui, la virtuosité du filmage, l'exotisme du décor (les lieux sont d'une beauté à couper le souffle) et les trop rares images du peintre au travail, qui par contre sont vraiment réussies, passionnantes (ça m'hypnotise toujours, moi, un dessin en train de se construire, je pourrais regarder ça des heures durant), permettent de tenir le coup face à l'ennui. Mais celui-ci finit quand même par tout contaminer, et ce notamment dans la partie Thaïlandaise...
A noter que je m'étais déjà énormément ennuyé devant The World, que j'avais trouvé totalement désincarné, donc mon avis ne voudra sans doute rien dire pour les amateurs de Jia Zhang Ke... Du coup, je me demande si je vais tenter l'expérience Still Life (Vie Immobile, c'est ça? tout un programme...
).
ps: en sortant, je me suis dit que si Dong sort, même à cette échelle réduite, il n'y a pas de raison que ce chef-d'oeuvre absolu, p-ê le plus beau documentaire que j'aie jamais vu, Lessons from a calf de Hirokazu Kore-Eda, n'aie pas un jour droit à une sortie française, ne serait-ce qu'en DVD. Ami éditeur, si tu passes par ici, sache que non seulement j'acheterai ton DVD, mais en plus je l'offrirai autour de moi. Disons que ça te fait au bas mot quelques 6 copies vendues d'office. Comme tu vois, tu es déjà presque assuré d'être millionnaire.
