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Le prix à payer (Alexandra Leclère, 2007)
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Auteur:  Zad [ 07 Avr 2007, 22:27 ]
Sujet du message: 

eh bien j'en sors et je ne suis absolument pas d'accord.
Un aveu, d'abord: lorsque les horribles affiches du Prix à payer ont fleuri, je m'étais dit que je n'aurais pas à me déplacer, que c'était toujours une soirée de gagnée. Et de me désoler de l'état de la comédie française, sur la seule base d'une campagne de pub, il est vrai désastreuse.

Et puis j'ai appris que c'était Alexandra Leclère, dont j'avais plutôt apprécié Les Soeurs fâchées, qui le signait. Et donc voilà, j'ai fini par aller vérifier sur pièce.

Comme la plupart, je suppose, d'entre nous, je redoutais donc le pire, au vu des affiches merdiques, de l'acceuil presse (mais en même temps, dès qu'on parle fric dans un film, difficile de se fier à la presse... ça me fait penser qu'avec Nue Propriété, ça nous fait deux films cette année qui s'emparent d'un tabou majeur du ciné français), de la présence de Clavier au générique et surtout du fait qu'il s'agissait d'une comédie française.

eh bien j'ai été bluffé, notamment dans les 2 premiers tiers, par le jusqu'au-boutisme et le côté "sans pitié" de l'écriture, qui est souvent très précise, et qui culmine dans une scène de choucroute tout à fait réjouissante.

Contrairement aux deux étalons-couillonnes que sont Guignabodet ou Telerman (ah, Tout pour plaire, l'un des plus grands moments de solitude de ma vie de spectateur), Leclère ne joue absolument pas la carte Marie-Claire de l'inoffensif. Politiquement incorrect, Le Prix à payer, et souvent jouissif dans son renversement des chronologies narratives et des rôles sexuels préconçus de la comédie du remariage (en fait: foncer dans les clichés pour mieux leur faire les poches), et tout aussi drôle (la salle riait de très bon coeur) que futé (affûté aussi) dans sa clairvoyance des rapports de dépendance qu'induit le pognon dans les relations humaines.

Voilà, c'est méchant, c'est tordu, c'est souvent étonnant... Trois adjectifs rares, pour la comédie française (oui, ça paraît p-ê monomaniaque, mais ce n'est pas rien).

J'en reviens pas que la presse soit à ce point restée au premier degré, qu'elle ait à ce point cru à la mysoginie feinte dans la 1ère partie... C'est fou ça : déboussolez la chronologie narrative classique de la comédie, et vous risquez de désarçonner tout un pan, se proclamant moderne, de la critique. Ca m'épate autant que ça m'attriste.

je m'emballe, je m'emballe: on va dire 4/6, p-ê un peu surnoté, car l'effet de surprise fait ça, aussi... Mais bon, j'assume (4- ?)

Voilà, je salue donc très haut le scénario, pas toujours bien épaulé il est vrai par une réa sans personnalité, et défaillante niveau rythme dans son dernier tiers (on essaie de camoufler ça sous la zique omniprésente, mais ça finit par se voir). Mais c'est très courageux, je trouve, et très bien vu, que de prendre le risque de faire rire le spectateur sur des sujets si périlleux, sans trop cèder à la morale finale (il y avait pourtant pas mal de risques, notamment avec la présence des enfants, très bien gérée -- écartée au maximum, en somme, sans pour autant faire comme si ce qui se trame n'avait aucun impact, cf. la fille de Clavier, dont les passages en arrière-plan jaunissent le rire). A ce titre, la dernière scène, qui remplit cet office, le fait avec classe, je trouve.

Après, c'est sûr, je ne vais pas crier au génie, parce qu'on en est loin. Mais il y a quand même un tour de force, à mon sens en tout cas, à donner matière à Clavier de jouer son meilleur rôle depuis un bail. Sobre, juste, drôle, nuancé, varié... Merde, moi qui le déteste 90% du temps (je garde 10% pour les Bronzés, mais surtout pour le Père Noël est une ordure), je le redécouvre ici. C'est d'ailleurs lui qui porte majoritairement le film sur ses épaules, et elles ne sont pas frêles, contrairement à ce que j'en attendais!

J'en dirai pas autant de Lanvin, qui en fait trop sans jamais parvenir à donner de la variété à son jeu, ni de Pailhas, qui est absolument transparente.

Baye c'est autre chose, plus inégale, son personnage l'est aussi, d'ailleurs (la piste de la romance avec Chesnais est malvenue)... Mais quand on s'en tient à sa confrontation avec Clavier, alors ça le fait parfaitement.
Et une fois encore, dans la scène de la choucroute, elle est très bien.

Auteur:  Zad [ 08 Avr 2007, 08:54 ]
Sujet du message: 

lu dans télérama, ce bout de phrase que j'extrais violemment à son contexte: "biftons échangés, d’une couleur et d’un montant rarement aperçus dans le portefeuille des honnêtes gens"

c'est bizarre, non, ce "honnêtes gens"?

ceci pour illustrer l'idée de tabou autour du fric dans le cinéma français.
et c'est étonnant d'être capable de lire une ode au pognon dans ce film...

au contraire, l'argent y détruit tout, l'amour, l'amitié, la confiance, l'envie, la passion, le rêve... Mais ces ravages pécuniers ne sont pas surlignés avec force, mais bien livrés en douce, en contrebande, subtilement. Alors oui, du coup, il faut faire un effort, et voir plus loin que le premier panneau dans lequel Libé, Télérama, Chronic'art (il faut lire la critique de Chauvin, elle est d'une formidable médiocrité, et contient notamment cet aveu d'inoffensivité: "Il fallait des acteurs légers et pleins de distance ironique pour assumer la vulgarité à peine voilée des dialogues. Par exemple, Hugh Grant et Drew Barrymore, ou même Edouard Baer et Hélène Fillières. ") et d'autres, se ruent à toutes jambes.

Auteur:  Zad [ 08 Avr 2007, 09:41 ]
Sujet du message: 

d'autres réflexions par ici: http://www.cahiersducinema.com/forum/vi ... php?t=1745

Auteur:  jiko [ 24 Mai 2008, 14:54 ]
Sujet du message: 

Free me donne gentiment accès à Canalsat gratuitement pour un temps. Du coup j'ai vu ce film que je ne serais pas allé chercher sinon.

Et bin c'est pas mal. Detournement de la comédie du remariage effectivement; là où Gable s'entête à réclamer quelques dollars à la fin de New-york Miami, mais ni plus ni moins que ce qui lui est dû (et c'est sa fièrté de ne pas en demander plus), Le Prix à Payer met les pieds dans le plat et place l'argent au centre de tout.
Alors quand les personnages parlent d'argent, en fait ils parlent de désir, et en fait ils parlent d'amour. Mais ils mettent du temps à faire ce chemin, et je trouve assez beau (et terrible) l'idée qu'à un moment dans le couple l'un demande des dédommagements à l'autre.
Y'a une certaine vulgarité et une certaine force dans ce point de départ.

J'aime bien aussi cette manière de faire croire que l'on parle de la guerre des sexes alors qu'en fait non, et puis si finalement mais pas comme on l'avait cru. Ça commence comme du beauf à la Chatillez mais ça diffuse du féminisme intelligent, et pas systématique. Et les personnages sont tous à la fois con, désespérés et attachants.

Reste que le scénario fini par dérouler ses situations et ses retournements de manière très mécanique et que la mise en scène reste dans le minimum syndical un peu pauvre.

du coup très petit film mais j'ai pris du plaisir là où je ne m'y attendais pas. Et Clavier est bon, j'aurais pas cru pouvoir dire ça un jour.

3,5/6

Auteur:  Zad [ 24 Mai 2008, 15:09 ]
Sujet du message: 

dans mes bras vieux fou!

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