Et donc maintenant le dyptique Schumacher.
Bah c'est un peu pareil, son premier, Batman Forever, est schizophrène, partagé entre ses délires à lui (l'architecture déjà baroque de Gotham City est poussée à l'extrême, les multiples couleurs ne sont plus contrastées et les néons fluos viennent parfois baver sur toute l'image, l'humour cartoonesque devient intégralement débridé, etc.) et un film plus classique, plus sérieux (le principal intérêt du film, sabordé au montage avec la moitié de ses scènes coupées, réside dans l'arc narratif sur la psyché de Bruce Wayne, on revisite les origines, sa culpabilité, et on le guérit) et plus conventionnel dans son intrigue comic book (l'association des méchants, l'association des gentils, tout ça)...
...et dans son deuxième, Batman & Robin, bah Schumacher s'approprie totalement le produit, et là le film est uniformément un gros délire semi-parodique et raté dans la droite lignée de la série des années 60. C'est ROSE tout le long (TOUT. LE. LONG.) et c'est une bagarre de jouets et je parle pas que des multiples véhicules, gadgets et décors encore plus surchargés et foufous mais aussi des acteurs qui deviennent pour le metteur en scène nul autre que des jolies poupées moulées de latex qu'il fait parader dans un scénario évidemment inepte...
En fait, je me rends compte avec cette 3e vision que c'est plus assumé que je ne le croyais (ça n'en fait pas un bon film Tetsuo) vu qu'on a TOTALEMENT délaissé l'aspect dark, tourmenté de Batman (3 simili-flashbacks SUPER furtifs et c'est tout, c'est juste pour appuyer le rapport avec Alfred) pour donner dans la comédie (Schwarzenegger, à chier, s'amuse et Thurman semble être la seule à 100% consciente de ce dans quoi elle joue).
Ca ne sauve évidemment rien vu que ça reste de la ringardise gay pas drôle matiné de bouts "sérieux" ULTRA chiants et mou (même l'action est super mal foutue alors que Forever avait le mérite de proposer du blockbuster pur réussi en cela, une petite valeur ajoutée à ce niveau vis-à-vis des Burton) dans un ensemble ridicule et donc, ouais, nanardesque. Y a bien une blague volontaire qui marche (Bane qui pose chaque bombe en disant "booombe" genre 5 fois de suite), à force, mais le reste c'est juste un mauvais choix par minute.
En fait, la saga Batman suit un schéma similaire au sempiternel cycle bondien de la surenchère qui part en couille, en accéléré...tu commences avec Dr. No, tu finis avec Moonraker.
De un gentil contre un méchant, ça se gonfle d'un ou deux persos principaux à chaque film...jusqu'à ce que ce soit le gros bordel et là tu sais que c'est pas pour "en donner aux geeks" (à l'époque, réals et prods ne pensaient pas comme ça) mais juste pour vendre des jouets.
Donc voilà, c'est fascinant à regarder...et je continue à trouver beaucoup de bonnes choses dans Forever...même si là aussi, d'années en années, ça s'amenuise...à la base, c'est le premier que j'avais vu au ciné, en pleine Carreymania, donc j'étais à fond...surtout quand t'as des trucs "new generation" comme ce SUBLIME plan (numérique) de Batman qui saute d'un immeuble, avec la caméra qui le suit tout d'abord en plongée puis se place super vite à côté puis en contre-plongée avec le héros en synthèse (bien faite) dans des postures super dynamique. Un plan signé John Dykstra, futur superviseur des SFX de Spider-Man.
Kilmer est pas trop mal même s'il est un peu trop carictaural (à l'image du reste du film) en Wayne...la mise en scène de Schumacher sait se faire intéressante (les plans aériens qui tanguent, le plan de la chauve-souris, le dernier plan) et "l'auteur" est bien derrière la caméra (aaaah ce regard orgasmique de Robin quand Double-Face meurt...OUAIS LA VENGEANCE, LA PEINE DE MORT, C'EST BIEEEEEEEEN...et je parle pas des plans sur le cul des héros).
Tommy Lee Jones fait du sous-Nicholson et est à chier tandis que Carrey en TOTALE ROUE LIBRE est parfois pénible avec le recul (avec ses costumes de plus en plus gay au fur et à mesure que le film avance). En tant que fan, je comprends pas trop comment tu décides de sacrifier un personnage à l'origine si intéressante comme Double-Face pour donner une origin-story au Riddler quoi...qui est un perso bidon (probablement pour coller à l'intrigue - très comic book dans l'esprit "délire" du terme et sympatoche - du plan de Nygma avec sa boîte/satellite pompeuse de QI)
Kidman et O'Donnell cachetonnent. Ils sont mimi.
Et la musique, elle aussi en mode "comme les Burton mais en plus schtarbée", est vraiment bien.
Malheureusement, il reste rien des quelques qualités de Forever dans Batman & Robin, un peu comme si Schumacher et Akiva Goldsman (l'homme à abattre) s'étaient dit "Bon bah ils nous ont coupé toute notre intrigue sérieuse et psychologique la fois d'avant, cette fois on va juste faire du cirque à 140M$".
Du coup, ça donne Batman & Robin qui font du hockey sur glace ou du surf des airs avant de se battre pour une fille avec un Clooney qui joue comme un Bobblehead (les jouets avec les têtes géantes qui bougent là) et des tout aussi gros nases autour (ouais Alicia).
C'est assez extraordinaire.
Ce qui nous donne donc, revu et corrigé :
Batman : 3/6
Batman Returns : 6/6
Batman Forever : 3/6
Batman & Robin : 0/6
Et maintenant je passe aux choses sérieuses et vous aurez bientôt un long message post-revision du meilleur Batman, celui de Nolan.
Nuff said.
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