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Le Garçu (Maurice Pialat - 1995)
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Auteur:  Cosmo [ 28 Juil 2006, 11:34 ]
Sujet du message:  Le Garçu (Maurice Pialat - 1995)

[Je dépose ce message ici, histoire de regrouper les critiques autour du cinéaste, plutôt que de faire un seul topic par film (sachant que pour certains films, il est probable qu'il n'y aura pas ou peu de réponse). Le topic L'Enfance nue reste indépendant, à la demande de son instigateur (Zad)]

> Edit modo : topic finalement découpé (= un topic par film)


Revision de l'intégrale Pialat, après réception (enfin !!) du second volume du coffret DVD.



LE GARCU

Bien qu’imparfait, cet ultime film du génial Pialat n’en reste pas moins son film le plus intime depuis La Gueule ouverte. On sait l’importance que peut revêtir l’autobiographie dans ses films, qui se confondent bien souvent, d’une façon ou d’une autre, avec sa propre vie (y compris dans ses films en apparence plus éloignés). On sait également que Pialat, devenu père bien trop tard, et ayant perdu le sien bien trop tôt, sent bien qu’il ne verra pas son enfant grandir. Le Garçu est pétri de cette inquiétude, de cette tristesse. Que deviendra l’enfant en l’absence du père, question déjà posée en sous-texte de A nos amours ? Bien entendu, l’on retrouve les tics du cinéaste, notamment dans la gestion du temps (nombreuses ellipses, indications temporelles très rares), procédé repris récemment par Xavier Giannoli (c’est principalement sur ce point que les deux œuvres, celle de Pialat et celle de Giannoli, peuvent être rapprochées) et plus lointainement par Cyril Collard. Et bien entendu, Pialat est tout entier présent dans ce personnage campé par un Depardieu lumineux, double de toujours d’un cinéaste qui peinait à accorder sa confiance à quiconque. De ce film incroyablement incompris à sa sortie (certains critiques conseillaient à Pialat de filmer son fils directement au camescope !), il reste un cri d’amour à cet enfant, une profonde mélancolie, celle d’un cinéaste qui se sait condamné, qui sait qu’il s’agira probablement du dernier film. Il reste aussi un cri à ce père que Pialat a perdu, et grâce auquel il comprend le vide intense que son fils ressentira sous peu. Un film magnifique qui clôture une œuvre parmi les plus belles du cinéma.
6/6

Auteur:  Jack Griffin [ 28 Juil 2006, 11:41 ]
Sujet du message: 

Mon film préféré du cinéaste avec la maison des bois justement...Si je devais faire un top ça serait.

1. La maison des bois / Le garçu
2. Van Gogh
3. Loulou
4. A nos amours
5. Nous ne vieillirons pas ensemble
6. Sous le soleil de Satan

Après je suis moins fan

7. L'enfance nue
8. La Gueule ouverte (pénible...je le verrais qu'une fois)

ça me laisse indifférent...voir m'ennuie.

9. Police
10. Passe ton bac d'abord

Auteur:  Cosmo [ 28 Juil 2006, 11:44 ]
Sujet du message: 

Jack Griffin a écrit:
Mon film préféré du cinéaste avec la maison des bois justement...Si je devais faire un top ça serait.

1. La maison des bois / Le garçu
2. Van Gogh
3. Loulou
4. A nos amours
5. Nous ne vieillirons pas ensemble
6. Sous le soleil de Satan

Après je suis moins fan

7. L'enfance nue
8. La Gueule ouverte (pénible...je le verrais qu'une fois)

ça me laisse indifférent

9. Police
10. Passe ton bac d'abord



J'ai un peu de mal à faire un top...

Les j'adore (666/6) :
A nos amours
Le Garçu
Nous ne vieillirons pas ensemble

Les j'adore (6/6) :
Van Gogh
L'Enfance nue

Les j'aime beaucoup (5/6) :
Sous le soleil de satan
Police
La Gueule ouverte

Les j'aime bien :
Loulou
Passe ton bac d'abord

Auteur:  Z [ 06 Aoû 2010, 22:28 ]
Sujet du message:  Re: Pialat, de La Maison des bois au Garçu

Cosmo a écrit:
LE GARCU

Bien qu’imparfait, cet ultime film du génial Pialat n’en reste pas moins son film le plus intime depuis La Gueule ouverte. On sait l’importance que peut revêtir l’autobiographie dans ses films, qui se confondent bien souvent, d’une façon ou d’une autre, avec sa propre vie (y compris dans ses films en apparence plus éloignés). On sait également que Pialat, devenu père bien trop tard, et ayant perdu le sien bien trop tôt, sent bien qu’il ne verra pas son enfant grandir. Le Garçu est pétri de cette inquiétude, de cette tristesse. Que deviendra l’enfant en l’absence du père, question déjà posée en sous-texte de A nos amours ? Bien entendu, l’on retrouve les tics du cinéaste, notamment dans la gestion du temps (nombreuses ellipses, indications temporelles très rares), procédé repris récemment par Xavier Giannoli (c’est principalement sur ce point que les deux œuvres, celle de Pialat et celle de Giannoli, peuvent être rapprochées) et plus lointainement par Cyril Collard. Et bien entendu, Pialat est tout entier présent dans ce personnage campé par un Depardieu lumineux, double de toujours d’un cinéaste qui peinait à accorder sa confiance à quiconque. De ce film incroyablement incompris à sa sortie (certains critiques conseillaient à Pialat de filmer son fils directement au camescope !), il reste un cri d’amour à cet enfant, une profonde mélancolie, celle d’un cinéaste qui se sait condamné, qui sait qu’il s’agira probablement du dernier film. Il reste aussi un cri à ce père que Pialat a perdu, et grâce auquel il comprend le vide intense que son fils ressentira sous peu. Un film magnifique qui clôture une œuvre parmi les plus belles du cinéma.
6/6


Cosmo pose impeccablement les enjeux (humains) du film, je vais tenter de ne pas y faire redite. Découverte pour moi, et réel enchantement. Alors... à première vue, il y a un mix d'éléments improbables : Björk, Bob Marley et Corona dans la BO (chez Pialat ça peut surpendre), le footballeur Dominique Rocheteau (?) et Alexia Laroche-Joubert (?) au casting pour leur unique apparition au cinéma (et ils ne sont pas silhouettes)... mais ce qui surprend le plus, finalement (et avec les années, on a tendance à l'oublier) c'est de se prendre la classe écrasante de Depardieu dans la gueule, ici dans un rôle d'alter ego de papa aimant et protecteur, et la jeune Géraldine Pailhas, radieuse (mais qui enchaîna sur une carrière semi-merdique).

Il y a des moments extrêmement touchants, pudiques et gracieux dans ce film, autour de la captation de l'énergie débordante mais angélique d'Antoine Pialat, ce petit garçon délicieux, et dont l'on comprend sans mal qu'il ensorcèle un vieux ronchon de cinéaste, pourtant éternellement angoissé et insatisfait. Son fils est une merveille. Alors bien sûr, il y a des "Gérard" qui fusent de la part du petit - au lieu de "Papa" - et des regards caméra inévitables à force de se positionner si près du naturalisme, mais malgré un rythme intra-scène parfois aléatoire (selon l'humeur du petit et les ressorts d'improvisation des comédiens), Pialat garde le contrôle de son oeuvre et disserte avec élégance des sujets évoqués par Cosmo, sans bégayer ni abrutir son cinéma.

Il offre des scènes qui ne peuvent faire qu'écho à mon enfance (celle du camion offert est géniale), et décrit merveilleusement une relation père-fils comme bien peu de films sont parvenus à le faire (Kramer contre Kramer était de ceux-là, comme dans une moindre mesure Ca Commence aujourd'hui et Papa). Terriblement touchant.

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