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Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)
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Auteur:  Film Freak [ 19 Fév 2024, 10:37 ]
Sujet du message:  Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

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La planète Solaris, recouverte d'un océan, a longtemps intrigué les chercheurs qui y ont installé une station. Faute de résultats concluants, le docteur Kris Kelvin, un homme bouleversé par le suicide de sa femme, y est envoyé afin de définir s'il faut fermer la station ou non. Sur place, il découvre l'équipe du laboratoire spatial pris par une folie à laquelle il risque de succomber lui-même.

Là on est davantage dans un genre (ou même sous-genre) de cinéma qui me parle. Je suis particulièrement client des récits d'exploration spatiale et notamment de la façon dont la confrontation avec des phénomènes inexpliqués altère l'esprit comme Event Horizon, Sunshine, Interstellar ou Ad Astra (pas grand souvenir de la version Soderbergh, trouvée moyenne à sa sortie).

L'introduction sur Terre est tout bonnement interminable (30 minutes avant d'arriver à la station spatiale, dont une inexplicablement longue séquence d'un personnage secondaire en voiture sur l'autoroute) mais on retrouve ce rapport du cinéaste à la nature, verdoyante et lumineuse ici, en contraste avec la stérile et froide station, déjà synonyme de mort avant même que l'on entre dans le vif du sujet. Il y a aussi ces personnages qui n'ont rien des astronautes fringants ou des scientifiques respectables que l'on a l'habitude de voir mais sont déjà des êtres humains âgés, fatigués, abîmés par la vie.

J'ai trouvé ce choix de protagoniste tout à fait à-propos. Kris Kelvin est un mec bedonnant aux cheveux grisonnants, effectivement plus proche de l'archétype du psychologue (qu'il est) que du pilote/explorateur. Et même Snaute et Sartorius, le fait de prendre comme "victimes" des mecs qui sont des brutes intellectuelles est vraiment traité avec un jusqu'au-boutisme radical. Ils n'ont pas "pété les plombs". Ils réfutent même dans le texte être "devenus fous". Déjà parce qu'ils ont bien compris qu'ils ne souffraient pas d'hallucinations mais aussi pour ce qui m'a paru être leur trop grande intelligence. Ils ne peuvent pas vriller comme de simples mortels en proie à leurs réactions viscérales et primaires, ils ne peuvent que...déprimer. C'est de ça qu'ils ont l'air, de mecs profondément déprimés et vaguement résignés à vivre cet enfer.

Un enfer qui n'est pas évident tout de suite (même quand on a compris le principe des êtres "ressuscités"), qui s'incarne d'abord comme un mystère, le point de vue adopté étant celui de Kelvin, qui ne se dévoile que progressivement, ou plutôt qui se vit, au contact de ce spectre de chair qu'est (feue) sa femme. Ici, le temps pris par Tarkovski confère au film une atmosphère pesante pertinente à plusieurs niveaux. Elle rapproche le film davantage de l'horreur que de la SF, avant même que l'horreur ne se fasse psychologique, et que ce poids, cet enlisement ne soit celui d'un cauchemar inextricable. Celui d'une situation physique et matérielle qui devient métaphorique (ou d'une métaphore qui devient réalité) : on n'échappe pas à sa conscience.

On ne saura jamais si les personnes que voient Snaute et Sartorius sont mortes sur Terre ou simplement des êtres qui leur manquent mais, tout comme pour Kelvin, on déduit qu'un lien affectif les relie. Les dialogues théorisent même sur l'amour comme inconnue scientifique, un peu comme dans Interstellar. Toutefois, c'est à un autre Nolan que Solaris fait inévitablement penser. Dans sa réflexion sur le temps et la mémoire (et le deuil et la culpabilité), il est impossible de ne pas voir l'influence du film de Tarkovski sur Inception, le concept SF permettant une exploration non pas extérieure mais intérieure, existentielle.

Après, je mentirais si je disais que je ne décrochais pas à plusieurs reprises pendant le film. Sur 2h47, le film s'étire un peu trop, fatigue lorsqu'il se fait bavard (la scène de l'anniversaire) et manque d'un quantum d'émotion (je sais que c'est délibéré mais on perd quelque chose à ne pas ressentir ce que Kelvin ressent).

J'hésite à revoir le Soderbergh maintenant.

Auteur:  Arnotte [ 19 Fév 2024, 10:54 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

"SOLARISSE" :shock:

D'accord avec toi. Film parfois trop long et chiant mais fascinant globalement.

J'avais aimé le Soderbergh mais je l'ai vu avant le Tarkovski. Ceci dit je crois que c'est un remake réussi. Différent, mais réussi. (et la BO est devenue mythique)

Auteur:  Puck [ 19 Fév 2024, 10:58 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Tu risques de souffrir pour "Le Miroir", mais vraiment hyper hâte que tu découvres Stalker.

Auteur:  Arnotte [ 19 Fév 2024, 11:02 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Puck a écrit:
Tu risques de souffrir pour "Le Miroir", mais vraiment hyper hâte que tu découvres Stalker.

Pas impossible qu'il préfère le labyrinthe poético-mental du Miroir aux bavardages et contemplations philosophiques de Stalker..

Auteur:  Puck [ 19 Fév 2024, 11:06 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Film Freak a écrit:
le concept SF permettant une exploration non pas extérieure mais intérieure, existentielle.


J'avais énormément pensé aux Sirènes de Titan de Vonnegut quand j'avais vu Interstellar d'ailleurs. Et ça peut s'appliquer à Solaris.

Citation:
Everyone now knows how to find the meaning of life within himself.

But mankind wasn't always so lucky. Less than a century ago men and women did not have easy access to the puzzle boxes within them.

They could not name even one of the fifty-three portals to the soul.

Gimcrack religions were big business.

Mankind, ignorant of the truths that lie within every human being, looked outward–pushed ever outward. What mankind hoped to learn in its outward push was who was actually in charge of all creation, and what all creation was all about.

Mankind flung its advance agents ever outward, ever outward. Eventually it flung them out into space, into the colorless, tasteless, weightless sea of outwardness without end.

It flung them like stones.

These unhappy agents found what had already been found in abundance on Earth—a nightmare of meaninglessness without end. The bounties of space, of infinite outwardness, were three: empty heroics, low comedy, and pointless death.

Outwardness lost, at last, its imagined attractions.

Only inwardness remained to be explored.

Only the human soul remained terra incognita.

This was the beginning of goodness and wisdom.

What were people like in olden times, with their souls as yet unexplored?

Auteur:  Puck [ 19 Fév 2024, 11:08 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Arnotte a écrit:
Puck a écrit:
Tu risques de souffrir pour "Le Miroir", mais vraiment hyper hâte que tu découvres Stalker.

Pas impossible qu'il préfère le labyrinthe poético-mental du Miroir aux bavardages et contemplations philosophiques de Stalker..


C'est vrai, après Le Miroir je l'ai vu y a presque 20 ans et n'en garde que peu de souvenirs.

Auteur:  Cosmo [ 19 Fév 2024, 11:48 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

C'est Le Sacrifice, que je reverrais bien. Ce sont des films qui marquent, sans forcément en garder autre chose que des impressions, des fulgurances.
Sinon il me semble qu'il me manque juste à voir Andreï Roublev (et son doc Tempo di viaggio)

Auteur:  Film Freak [ 19 Fév 2024, 11:50 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Ouais le doc je vais zapper perso.

Auteur:  Arnotte [ 19 Fév 2024, 11:52 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Cosmo a écrit:
C'est Le Sacrifice, que je reverrais bien. Ce sont des films qui marquent, sans forcément en garder autre chose que des impressions, des fulgurances.

Vrai.
Le Sacrifice, justement, je me souviens de toute la fin comme si je l'avais vu hier. Oublié tout le reste.

Auteur:  Cosmo [ 19 Fév 2024, 11:58 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Moi je me souviens surtout de mon :shock: :shock: :shock: devant Valérie Mairesse...

Auteur:  bmntmp [ 19 Fév 2024, 12:05 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Le dernier Shyamalan est très proche du Sacrifice donc voilà qui suffira à te donner une idée.

Auteur:  Art Core [ 19 Fév 2024, 16:21 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Très très chiant Le sacrifice, découvert l'année dernière et hyper déçu.

Auteur:  Film Freak [ 19 Fév 2024, 17:16 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

You guys give me life.

Auteur:  Art Core [ 19 Fév 2024, 19:13 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Non mais Stalker et Le miroir c'est chefs d'oeuvre donc ça devrait bien se passer :o

Auteur:  Baptiste [ 19 Fév 2024, 20:33 ]
Sujet du message:  Re: Solaris (Andrei Tarkovski, 1972)

Art Core a écrit:
Très très chiant Le sacrifice, découvert l'année dernière et hyper déçu.


:shock:

Je comprends qu'on puisse s'y ennuyer à certains moments mais n'en retenir que ça...

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