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Miller's Girl (Jade Halley Bartlett - 2024)
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Auteur:  Müller [ 17 Fév 2024, 22:58 ]
Sujet du message:  Miller's Girl (Jade Halley Bartlett - 2024)

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Vu passer la bande-annonce il y a quelques semaines, en me disant que ça avait l’air de faire partie du Jenna Ortega shared universe. Jeune actrice dont je n’ai rien vu si ce n’est d’autres B.A. dont celle de son spin-off de la Famille Addams, elle avait jusque-là une existence clippesque et fragmentée dans mon esprit, même si je pense avoir bien saisi sa persona, sorte de version poupée d’Aubrey Plaza. Plus Martin Freeman, que je n’ai pas vu depuis ma séance de Black Panther il y a de ça quelques années maintenant. Et puis je me suis dit qu’après The Whale et American Fiction, je n’ai plus grande chose à craindre d’un film de plus sur un écrivain/prof qui galère— non pas cette fois parce qu’il est trop gros, ou pas assez noir, mais parce qu’il croise le chemin d’une étudiante toxique.

Dès le début on est dans l’irréel total, par cette constante illustration de l’idée que le cinéma se fait du southern gothic : Ortega qui vit seule dans une grande demeure sombre de style colonial, végétation étouffante, draperies partout— sa voix off en mode deadpan vocal fry pleine de vague dépression/ressentiment matinés de références littéraires… Je n’ai pas vu sa série Netflix, mais il y a sans doute un lien évident de l’un à l’autre, pas loin du typecast. Pareil pour la salle de classe, vaste, éclairée comme il faut, parquet vermoulu, remplie de livres anciens, petit coin cozy avec vieux fauteuils… Grosse esthétique du suranné chic un peu partout, en partie pour poser l’ambiance « littéraire », avec un gros travail sur les éléments de décor. Tout confine à l’archétypal clairement pensé comme tel. Et ces conversations entre le prof et son étudiante sont du même ordre, faisant perdurer le mythe très cinématographique du prof de littérature de lycée qui est une référence en la matière, mélange de spécialiste, esthète et guide éclairé, dont la vocation naturelle est de cultiver un talent chez ses étudiants les plus prometteur— loin du simple gatekeeper institutionnel que l’on connaît. On est donc très vite bordé de ouf dans une familiarité confortable doublé d’un feeling, j’ai trouvé, très 90’s, entre le teen movie et le thriller presque érotique (même si on est là plus dans la tension du flirt).

Quelques scènes de la vie quotidienne pour poser que le perso de Freeman est un écrivain raté en mode pantalon beige et veste en tweed, qui partage sa vie avec une romancière qui elle est à fond, jusqu’à être envahie par son agente. Séduisante, personnalité très marquée, expansive, goguenarde, constamment en robe de chambre sur ses sous-vêtements… Le potentiel pour le basculement en réaction à l’émasculation est vite posé, et c’est mené pile comme il faut. Relation de franche camaraderie avec le collègue noir : dialogues marrants car la recherche comique n’est pas outrancière, leur écriture à la fois légère et précise. Et dès le départ, le binôme de copines est posé à minima comme trouble : Ortega qui verbalise son désir mâtiné de languissement oh so gothic mais encore sans objet, et sa BFF caractérisée dès son apparition comme dans un certain excès d’auto-sexualisation projetée sans ambages.

Mais voilà, même si c’est en substance ce qui se joue niveau scénario, ce n’est pas pour autant un film « social » ou vraiment réaliste qui va explorer in situ les rouages de la prédation d’un prof d’âge mûr envers une gamine (ou l’inverse), ni une character study de bourreau ou de victime. Tout est une affaire de grandes lignes, de principes et, encore une fois, d’archétypes, pour le pur plaisir technique de dérouler un scénar à tension : jusqu’où ça va aller ? Quels seront les enjeux (familiaux, institutionnels etc.) ? A quel point ça va mentir de part et d’autre ? On va être du côté de qui ? Comment ça va finir ? Pas vu depuis très longtemps, mais j’imagine sans mal qu’on est en plein sur les plates-bandes de Harcèlement (#filmtombédansloubli).

Et puis d’un coup, une fois que tout ça est bien en place, le film se termine. Tout ça n’était pas un build up, c’était l’ensemble du contenu. Pas de virage gonzo en mode pute folle/inversion limite attendue de Mrs. Tingle, pas de proto procès/conseil disciplinaire, pas d'effondrement... Mais au moins, pas de foutaise meta du style c'est un truc qu'elle a écrit dans son coin, en fait le prof la calculait pas depuis le début.

Mouaif.

The Whale c'était de la merde, Americain Fiction complètement inauthentique et à côté de la plaque. Là, c'est anecdotique, ce qui est déjà beaucoup mieux.

J’attends maintenant Pas de vagues, qui a l’air de poser en toute tranquilité que la menace n°1 qui pèse sur un prof homo qui vit en couple avec un arabe en France en 2024, c’est des ados ch’tis proto-incestueux.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 18 Fév 2024, 09:56 ]
Sujet du message:  Re: Miller's Girl (Jade Halley Bartlett - 2024)

Müller a écrit:
J’attends maintenant Pas de vagues, qui a l’air de poser en toute tranquilité que la menace n°1 qui pèse sur un prof homo qui vit en couple avec un arabe en France en 2024, c’est des ados ch’tis proto-incestueux.
Ah merde le film me tentait bien (surtout que j'avais rien contre JIMMY RIVIERE), mais ce que tu dis là me file des frissons...

Auteur:  Film Freak [ 18 Fév 2024, 11:14 ]
Sujet du message:  Re: Miller's Girl (Jade Halley Bartlett - 2024)

Échos pas bons.

Auteur:  bmntmp [ 18 Fév 2024, 22:38 ]
Sujet du message:  Re: Miller's Girl (Jade Halley Bartlett - 2024)

C'est marrant de jeter un coup d'oeil parce que ça se voit que c'est un film écrit par une snarky Millenial, que des années passées sur les réseaux sociaux ou à faire du script-doctoring pour des Marvel (aucune info sur imdb mais j'ai lu sur reddit qu'elle est dans l'industrie depuis des années). Ça donne des dialogues complètement invraisemblables mis dans la bouche de leur héroïne. Le rapport à la littérature, comme c'est souvent le cas dans ce genre de film, est très cringe (désolé pour l'anglicisme doublé de mot à la mode) et je pense que c'est un minimum intentionnel (le "verdurous" ou le "aphotic", vous me direz David Foster Wallace écrivait un peu comme ça), ça ne va pas sans drôlerie et c'est parsemé de références curieuses et complètement désuètes (que j'aimerais relire néanmoins). Bon je me désintéresse complètement passée la première demi-heure car le film s'attache ensuite à remettre en place tout ce qui dépassait dans la première partie, notamment l'hypersexualité délirante de la meilleure amie. Je me rends compte que je ne sais même pas comment le film finit, ni ce qu'il suggère de cette relation toxique que le protagoniste principal entretient avec sa femme. C'est tellement à la surface des choses que bon...

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