l'affiche m'a interpellé parce que je ne comprenais pas ce que ça donnait comme information : un drame psychologique bourgeois, oui, et ? puis j'ai vaguement saisi que c'était une affaire judiciaire machin, sans me spoiler, donc go.
et en fait c'est plus que ça, puisque c'est un film faits divers.
mais le film faits divers, c'est un exercice un peu compliqué, sauf si tu traites d'un serial killer.
parce que fondamentalement il se passe *un* truc. qui arrive plutôt à la fin. et qu'à priori, le spectateur connait.
mais pour résumer : il s'agit ici d'un film frère de l'adversaire, même drame familial incompréhensible et on remonte pour comprendre, même approche visuelle et scénaristique (vraiment la forme qui n'a pas bougé en 20 ans, compliqué), même photo, mêmes daniel auteuil bien-sous-tous-rapports-mais-qui-cache-un-terrible-secret, et même emmanuelle devos, mêmes scènes flash-foward au début histoire de maintenir la tension parce que sinon il se passe rien pendant 1h30, même plans 3/4 dos en voiture, même financement par france tv, même approche intellectualisante parce que les faits divers c'est vulgaire mais ce qui m'a intéressé ici c'est la notion de honte et la thématique du silence qui peut tout briser. (en termes telerama ça donne "il fouille les âmes, pas les poubelles").
dans l'absolu, pourquoi pas, sauf que l'histoire n'est pas incroyable non plus. et elle n'est pas formidablement bien racontée : je ne savais rien et les chichis du début pour 'brouiller les pistes' n'apportent pas grand chose, il n'y a pas de scènes particulièrement marquantes ou bouleversantes, devos et auteuil sont bien mais enfin un peu la routine, pas l'impression d'avoir une compréhension particulièrement fine de rien à l'issue du truc - c'est globalement les dynamiques personnelles et collectives qu'on imagine spontanément en voyant une histoire pareille, l'identité du film est donc déjà vue et revue, les éléments factuellement saugrenus m'ont agacé (l'armée de journalistes postés h24 devant la maison... de l'avocat ?!, les gav d'une pièce à l'autre assez bizarres), puis tout ça se complait vraiment dans le presque rien, le tout pour me dire des choses que je sais déjà.
rien de honteux, rien de nul, mais un film bourgeois de rien du tout qui ne bouscule et ne stimule et n'interroge rien ni chez le spectateur, ni dans la société qu'il filme, ni pour le cinéaste qui déroule son petit programme les mains dans les poches mais en se persuadant de sonder les âmes humaines pour y déceler des vérités aussi groundbreaking que la pédophilie c'est mal et le silence tue. merci joachim, combien te dois-je pour ce diagnostic brillant ?