dans son discours de remerciement quand il reçoit un oscar, un acteur célebre remercie son prof d'art dramatique gay de quand il était jeune... sauf que le mec en question n'est pas gay et va se marier dans 2 semaines.
j'ai l'avis depuis longtemps que le modèle de scénario des comédies françaises grand public à budget moyen (qui ont eu pignon sur rue pendant 10-15 ans et semblent en voie d'extinction) avaient pour modèle les scénarios américains des années 90, les bons scénarios transformés en scénarios formidables grâce à des regles et des normes.
ça m'est rarement apparu de manière aussi incontestable que devant ce in & out, comédie parfaitement formatée et efficace de 97 mais qu'on pourrait tourner quasiment telle quelle aujourd'hui avec franck dubosc, ça m'a d'ailleurs fait penser à nouveau départ, vraiment le même format d'écriture. 1H30 chrono, avec la rigoureuse construction en 3 actes, les marques narratives à 10 min, puis 20, puis 50, puis 1H20. le même rythme effrené au début mais qui ralentit après, avec des blagounettes et un petit concept marrant pour chaque scène, le même moment où la comédie devient plus émotionnelle... vraiment des frères.
et y a pas à discuter, les américains sont très forts, tout ça est parfaitement fait, hyper efficace, drôle quand il faut, joli quand il faut, totalement dénué d'âme et de personnalité mais d'un savoir faire irréprochable de bout en bout, on n'a pas l'occasion de s'ennuyer 10 secondes, kevin kline est parfait c'est super, joan cusack ne me passionne pas mais elle a été nommée aux oscars, et vraiment un scénario formidable.
et c'est aussi notable parce que c'est un une comédie à thématique lgbt en 97, et c'est assez spectaculaire dans l'exercice. ça parle de l'amérique profonde, avec une homophobie culturelle profondément ancrée, mais ça ne distribue pas les bons et les mauvais points, ça ne donne pas de leçons ou ne méprise personne. ça commence avec des gays jokes - pour faire rire les non-gays à propos des gays - qui ne sont pas méchantes et qui sont vraiment drôles, un fil tellement ténu sur lequel marcher et ils ne se ratent pas une seule fois. puis au fur et à mesure on rigole avec le mec, il créé l'empathie, il rigole avec des clichés, et je suis surpris que ça n'ait pas été plus cité comme exemple dans les débats sur les blagues sur les minorités bla bla bla parce que c'est vraiment parfait, on rigole sur le dep qui écoute barbra streisand et se réveille avec ymca mais sans aucune moquerie ou rien. à l'époque, le film avait été commenté pour son baiser gay à pleine bouche, et ça reste toujours chouette tout ce temps après, avec un superbe équilibre dans la représentation de l'identité gay qui est à la fois sexuelle, sentimentale, culturelle, sociale... il y a un peu de tout, une compréhension profonde dans un truc on ne peut plus mainstream.
et donc, c'est écrit par un mec gay qui à l'époque écrivait des grosses comédies (sister act, la famille adams...) et des trucs lgbt plus confidentiels à côté. la rencontre de ses deux univers est spectaculaire.
dispo sur paramount +.
