Harry Haft, boxeur polonais, est transféré dans le camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz. Harry va devoir littéralement se battre pour survivre : s'il gagne ses combats, il est nourri, s'il perd il est conduit à la chambre à gaz. Après la guerre, Harry devient boxeur professionnel en Allemagne avant de s'installer aux États-Unis. Hanté par la culpabilité et les traumatismes de ses combats dans le camp, il va reprendre peu à peu goût à pratiquer son sport. Il va même faire des combats très médiatisés comme celui contre Rocky Marciano.
Je connaissais déjà l'histoire de Harry Haft par la bande dessinée Le boxeur de Reinhard Kleist. Je n'attendais donc pas d'être surpris par le long métrage mais j'espérais un uppercut émotionnel tellement les événements racontés sont forts. Est ce de la pudeur de la part de Levinson mais jamais on n'entre totalement dans le film et dans la vie dans les camps de Haft ? On assiste à sa vie comme un spectateur extérieur mais jamais le réalisateur ne réussit à nous mettre dans le peau de Haft, à faire ressentir ses traumatismes psychiques et moraux. Levinson use d'une réalisation trop classique et attendue pour cela. Bien entendu l'histoire nous est narrée par un retour en arrière par flashs. Les événements passés sont aussi filmés en noir et blanc. On sent aussi que Levinson est gêné par la représentation de tout ce qui se passe dans les camps. Haft a dû combattre 75 fois pour survivre ( le perdant étant exécuté). C'est clairement le côté le plus intéressant du film mais il est survolé par cet aspect en flash pour se concentrer sur l'histoire d'amour de Haft ,ses traumatismes, sa difficulté à vivre, à parler de ce qu'il a vécu etc. Levinson ne s'intéresse pas ou peu à la boxe. Il la filme finalement très peu et très sagement. Il fait un film sur le souvenir et la recherche de l'âme soeur: celle qui lui a permis de tenir le coup dans les camps. Le final émouvant est lui parfaitement réussi.
Qui dit film de boxe mais aussi de camps de concentration dit performance d'acteur. Ben Forster ( le gentil blondinet maigrichon de Liberty Height) offre plusieurs modifications physiques impressionnantes à la fois dans la maigreur pour la partie à Auschwitz mais aussi en prise de poids musculaire pour la partie boxe après guerre. D'un point de visage, il est souvent méconnaissable sans que je sache si il s'agisse de maquillages. Billy Magnussen en officier nazi est glaçant.
Le film est loin d'être mauvais mais on reste sur l' impression qu'il aurait pu ou dû être tellement mieux de par son sujet.