il se passe suffisamment peu de choses palpitantes dans le film pour ne pas vous "spoiler" les 4 éléments d'histoire.
j'avais zappé un homme idéal, par nineyphobie épidermique et parce que le principe d'un film ouvertement plagieur sur le plagiat me gênait. burn out souffrait de l'incapacité de jérémie guez à écrire une histoire intéressante, mais avait une énergie et des idées clairement prometteurs. promesses partiellement tenues par la boite noire, qui souffrait d'une deuxième partie vraiment plus faible et de la nullité absolue de pierre "j'en fait des caisses et souligne tout" niney mais qui ne ressemblait efficacement à rien dans la production française actuelle et avait des qualités vraiment fortes.
cela m'a donc suffit pour aller voir ce visions dont je ne savais rien. rien. à l'aveugle totale : un film de yann gozlan avec kruger et kassovitz, c'est tout.
l’expérience de cinéma parfaite, surtout pour ce que j'ai rapidement perçu comme un thriller dominé par son histoire, avec la perspective d'être surpris à chaque rebondissement, etc.
l'identité du film se dévoilait sous mes yeux : un thriller, tendance conjugale début des années 2000, chez des gens friqués. on allait avoir du sexe, du faux semblant, j'étais pas contre un petit truc surnaturel ou quoi, des twists improbables, à ce stade j'étais couteau à droite, fourchette à gauche, à table pour malice 2, bring it on, yann !
... bring it on, yann !
.... yann ?
et on se retrouve alors ce récit d'une faiblesse atterrante, d'une platitude vraiment pas possible. on déroule cette histoire extra-conjugale sur une heure (j'ai bien apprécié le côté lesbien, mi inclusif mi exploitation trash, pas mal), en tentant de pimenter avec ce teasing sans fin sur les visions (dont on comprend vite qu'elle n'auront pas d'impact reel avant la fin, donc on attend patiemment qu'il nous dise de quoi il retourne et puis voilà quoi). s'ensuit le mystère sur la disparition, là encore vraiment rien d'inédit et surtout, quasiment aucune révélation ? aucun mini twist ? un seul vrai truc ou tu te dis "oh punaise !" ? tous les éléments procurant des thrills sont des visions, et dûment identifiées comme telles par le spectateur, du coup quel intérêt ?
du coup, exactement la même histoire, dans une ville moyenne, sans visions, aurait pu être réalisée par pierre jolivet en mode pépère et puis ça aurait fait la blague, quoi.
on identifie donc que rien n'aura vraiment d’intérêt avec la révélation finale, sauf que ça dure 2h05, donc 1h50 à regarder un récit attendu, qui se prend quand même terriblement au sérieux alors que danielle steel a du écrire 28 variations de ça - chill, dont on perçoit bien que les quelques trucs vaguement alambiqués sont là pour cacher la misère, c'est quand même assez long.
là dessus, le film n'est pas du tout épouvantable, il est même impressionnant sur plusieurs points. les tralalas avec les visions me saoulent, mais c'est une splendeur visuelle. tout est racé, cadres précis et élégants et créatifs, parfaite maitrise du rythme des plans en fonction du récit, photo sublime, les décors sont incroyables - de la maison qui est digne de nancy meyers jusqu'aux routes sur lesquelles les personnages roulent qui sont parfaites, la cour de l'hopital est magnifique, la boite japonaise impressionnante, vraiment chaque bout de décors et d'accessoires sont splendides, du travail impressionnant, et ça rend les plans beaux de filmer des choses aussi belles. du porn pour les yeux vraiment. amira casar smashe complètement en une scène. je soupçonne toujours diane kruger d'être un robot - mais c'est partiellement inclus dans le récit, sauf que quand elle "perd le contrôle" elle est tellement dénuée de profondeur émotionnelle que ça ne marche pas - mais elle est sublime (47 ans !!!!) et charismatique, elle occupe là un créneau un peu déserté parmi les actrices françaises et elle le fait bien. kassovitz est clairement sous écrit, ils n'ont pas su l’intégrer efficacement au récit mais il est toujours chouette. le film a une identité rare en france, et à ce stade dans le monde, donc c'est rafraichissant.
mais enfin vue la petite armée qui a écrit le scénario , c'est totalement délirant d'arriver avec un récit aussi faible, alors que le même film avec une bonne histoire j'aurais fait le pom pom boy. il s’enorgueillit dans le dossier de presse d'avoir écrit une histoire originale plutôt qu'adapter un roman, et je me suis dit que parfois on est vraiment son propre pire ennemi.