Découverte un peu par défaut (je suis seul à la maison mais il n'y a absolument rien à voir en salles c'est désespérant) de ce film espagnol qui sort chez nous quasiment 4 ans après être sorti en Espagne
. J'adore l'affiche qui me rappelle l'affiche de Ames en stock (film que j'ai pas vu). J'ai été titillé par quelques critiques qui parlaient d'un film fou et impressionnant. Et en effet le terme de folie est bien ce qui caractérise le film qui ne fait que mettre en avant des narrateurs tous plus tarés les uns que les autres. L'originalité du film est de construire un récit gigogne où une histoire en entraîne une autre qui va en entraîner une autre etc... avant évidemment (et c'est pas vraiment un spoiler) que l'on revienne à la première. C'est donc plutôt ludique et rythmé avec son petit côté film à sketch qui s'enfonce de plus en plus dans l'étrange et la folie. Tout ça est marqué par un univers assez particulier, on craint un peu un truc à la Jeunet au début mais finalement c'est autre chose, plus indistinct, plus singulier (une obsession avec les poubelles par exemple qui traverse le film dans l'histoire mais aussi visuellement) même si comme chez le réalisateur de Amélie Poulain, c'est malheureusement très artificiel.
Dommage parce que ce qui est surprenant dans le film c'est à quel point il semble "dérangé", à quel point chaque histoire est plus tordue et glauque que la précédente. Le film n'hésitant pas à aller assez loin dans le trash mais toujours avec un recul comique et factice qui fait qu'on n'est pas du tout dans du Ulrich Seidl. Il faut voir d'ailleurs à ce titre là la prestation absolument catastrophique d'un Gilbert Melki qui joue une espèce de mac exploiteur d'enfants et qui en fait des caisses, il est ridicule. C'est donc tout le paradoxe, qui se regarde un vague sourire aux lèvres, qui surprend quand même régulièrement et qui est plutôt très bien réalisé mais qui en même temps ne dépasse pas la blague, a un petit côté puéril limite film d'étudiant agaçant d'artificialité. On en ressort avec l'impression d'avoir vu un film original mais qu'on aura oublié dans 6 mois. De manière totalement fortuite j'avais regardé la veille une partie du Fantôme de la liberté de Bunuel qui fonctionne de manière presque similaire, sur le mode narratif du cadavre exquis. Et nul besoin de dire que c'est beaucoup plus trouble, plus absurde et plus fort.
3/6