une jeune babysitter se retrouve à garder une petite fille et un garçon ado quand sa meilleure amie lui demande de venir la cherche en plein centre ville craignos de chicago. ils partent alors ensemble dans une expédition plein d'aventure et de mésaventures...!
j'ai découvert l'existence de ce film lorsque la cinésphère us s'était indignée lors de son arrivée sur disney + : avec les fesses cachées dans splash, c'était l'autre réécriture marquante par disney de leur patrimoine : ils ont remplacé la réplique "dont fuck with the babysitter" par "don't fool with the babysitter".
j'ai donc constaté à cette occasion que c'était un film culte pour une génération de gamins américains, ce qui est marrant parce que ces films cultes sont généralement les mêmes ici (les goonies, home alone, etc) alors que celui là me semble totalement inconnu chez nous ?
et c'est vraiment un pur live action d'aventure pour les enfants, ou plutôt : after hours dans l'esprit des john hugues (after hours date de deux ans avant, donc ca a vraiment du naitre comme ça, et john hugues n'avait pas encore commencé ses films familiaux mais le ton est tellement similaire à home alone ou bébé part en vadrouille que ça a carrément du etre une inspiration, d'autant que le ton des premières scènes d'une jeune fille qui fait du baby sitting n'est pas loin d'un sixteen candles - et ça se passe même à chicago, la ville de john).
c'est donc un pur produit de l'époque, un espèce de film bonus par rapport aux films cultes qu'on connait par coeur. c'est tellement typique, y a les clichés, les tenues, les poncifs, les idées chouettes de l'époque, ça a le bonus nostalgie sans même essayer. mais par ailleurs ça essaye, l'histoire est forcément sympa, les péripéties sont globalement nawak mais bien troussées, les personnages sympatiques, y a vincent d'onofrio, bradley whitford (west wing), bien de petits trucs rigolos à droite à gauche.
mais ce qui est super intéressant c'est le décalage culturel monstrueux avec l'époque. disney a censuré un tout petit bout mais en vrai ce serait tout le film qu'il faudrait supprimer de la plateforme.
il y a l'aseptisation générale : la babysitter de 20 ans qui se fait draguer par les ados. les ados dont un exemplaire piqué à leur parent de playboy est un plot point central. un des ados qui est obsédé, va voir une fille de joie dans la rue puis s'exclame à son pote "tu ne croiras pas tout ce qu'elle fait pour 20 dollars !". le même qui essaye de soulever la chemise d'une fille qui dort. ils rencontrent des gang armés de couteau, qui s'en servent sur le gamin de 14 ans, etc. assez inimaginable aujourd'hui.
et puis, avant d'être engagé en faveur du bien, du pur, du bon, des zones à défendre et de la juste place de toutes les minorités dans un ordre social offrant à chaque individu sa liberté et son épanouissement, disney c'était un mastodonte de la propagande de la wasp way of life. et là c'est vraiment du lourd. on est dans un imaginaire de banlieue totalement blanche, classe moyenne sup, norme absolue de la vie en commun. et ils s'engagent dans la ville (pur imaginaire de chicago ville poubelle et coupe gorge des années 80, là encore très marrant comme capsule dans le temps). et le ressort du film, c'est donc leurs confrontations aux dangers divers : on a un amputé de la main avec un crochet (hurlement général du groupe), des clochards (elle hurle en se protégeant), des voleurs de voitures (noirs), une voleuse de lunettes (noire), des gangs (noirs, latinos mais il y a aussi un blanc)... bref absolument tout c qui peut être une minorité, une frange marginale est la menace et l'ennemi - mais tout est bien qui finit bien quand on se retrouve dans son pavillon de banlieue entre cadres supérieurs civilisés.
devant l'efficacité du concept et la sympathie du film, j'ai essayé de m'imaginer à quoi pourrait ressembler un remake français contemporain, mais entre les portables qui rendent tout ça caduques et les ressorts qui aujourd'hui ne passeraient plus, absolument plus rien ne tient.
et pourtant, ça marche.
bref, une minuscule mais sympathique curiosité que je me gardais pour un jour de disette avec 0 capacité de concentration qui a parfaitement rempli son office.
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