Lors de sa dernière mission en Afghanistan, le sergent John Kinley fait équipe avec l'interprète Ahmed pour arpenter la région. Lorsque leur unité tombe dans une embuscade au cours d'une patrouille, Kinley et Ahmed sont les seuls survivants...
J'ai coupé la deuxième partie du synopsis qui, comme la bande-annonce, spoile globalement la première heure du film. Ce qui est compréhensible car c'est là qu'est le tournant qui se rapproche le plus d'un "pitch" mais la qualité du film se trouve justement dans son refus de donner dans quelque chose qui pourrait ressembler de près ou de loin à un high concept.
Et oui, Guy Ritchie a enfin refait un bon film.
A vrai dire, il a surtout ce qui se rapproche le plus de ce qu'on appelle de manière un peu condescendante envers d'autres œuvres, un "vrai film". Contrairement à ce que son titre complet semblablement égocentrique indique, Guy Ritchie's The Covenant (nommé en réalité ainsi pour se distinguer de l'infâme film du même nom signé Renny Harlin) est sans doute ce que le cinéaste a réalisé de plus sobre, pour ne pas dire humble. Cela fait quelques films que le metteur en scène donne l'impression d'avoir basculé dans un relatif anonymat visuel mais si l'on est toujours loin ici de son style de jadis (malgré quelques ralentis fonctionnels), l'approche s'avère bien plus à propos mais surtout au service d'un film régulièrement tendu et de ses personnages.
On n'est pas non plus devant un pur drame de guerre mais sa structure, aussi linéaire soit-elle, s'avère assez atypique dans son droit-au-butisme dépouillé qui semble se contenter (et je dis pas ça péjorativement) d'illustrer simplement (cf. ces travellings avant en champ-contre-champ qui deviennent la figure de style récurrente du film, une vraie dialectique) le pacte tacite qui se forme entre les deux protagonistes et donne son titre au film, un renvoi d'ascenseur qui raconte à lui seul toute l'humanité qui pouvait manquer au personnage initialement procédural campé par Jake Gyllenhaal.
Si le film s'ouvre sur une série de personnages avec des surnoms tout droit sortis d'une de ses comédies de gangsters, l'auteur choisit ouvertement de se débarrasser d'eux, comme une profession de foi, afin de revisiter ses obsessions (ce monde d'hommes violents) mais dans un registre résolument et même exclusivement sérieux et donc plus porteur. Engagé, le film n'a rien de fin et son écriture sans fioritures marque toutefois ses limites, avec des montages qui réduisent un peu trop les tribulations "seul contre tous" des protagonistes au strict minimum démonstratif pour arriver à des scènes de fusillades pour survivre. Et l'ensemble aurait gagné à incarner davantage ses deux héros au-delà de l'archétype mais Ritchie a visiblement préféré ne pas donner dans le rapprochement cliché et attendu à base de confidences au coin du feu dans le désert entre deux confrontations avec leurs poursuivants.
En fait, ça m'a fait penser à un film que le Joe Carnahan de The Grey aurait pu faire.