on est vraiment dans le film historique de qualité française de 1996 chimiquement pur, probablement certifié AOP.
alors il n’y a aucune volonté de moderniser quoi que ce soit, ni dans la forme ni dans le fond, on est dans le classicisme total, pas le moindre petit sous texte pour dénoncer le patriarcat et le racisme systémique de l’époque qui, au fond, n’est pas si loin de celui d’aujourd’hui. la réalisation est propre, dénuée de proposition personnelle mais avec un vrai savoir faire old school. un film de stéphane bern, vraiment.
ça commence évidemment par le casting, qui est comme un instantané du showbiz français des 90s, il y a absolument tout le monde. et 90% ne sont plus d’actualité. Il y a ceux qui sont morts - nombreux. ceux qui ne tournent plus. ceux qui ont eu le temps de voir leur carrière fleurir puis dépérir. Il reste luchini et kiberlain, en gros, plus quelques apparitions fugaces de chabat…
à côté de ça, ce qui est très intéressant c’est la différence d’approche avec les films de ce genre (enfin, pour ainsi dire, le film en costume a quasiment disparu) : ce n’est pas un biopic en mode wiki. ce n’est pas non plus le genre qui se focalise sur un épisode particulier de la vie de la personne. c’est une succession d’anecdotes. alors d’un côté, ça rend le film rythmé et ça reflète la vie improbable qu’a vécu le monsieur. d’un autre, tout cela est passablement décousu, on cligne des yeux et on a passé plusieurs années (sans aucun effort pour vaguement maquiller luchini en conséquence, ce qui donne l’impression que le film se déroule sur 4 ans…), avec un manque total de contextualisation historique ce qui rend certains épisodes difficilement compréhensibles si on ne maitrise pas à 100%. comme exemple frappant, il y a « la naissance du droit d’auteur », qui serait aujourd’hui un épisode entier, bien raconté, et qui ici est bazardé en une scène de 30 secondes.
sacha guitry étant à l’origine du texte, on a un festival de bons mots et de traits d’esprits merveilleusement spirituels, un régal. On a évidemment un beau casting, le plaisir de voir serrault, puis weber, puis… on a ces mille histoires très chouettes, on a ces splendides costumes, cette vibe de « on a dépensé sans compter », on a le charme de ce film qui n’est quand même pas si vieux mais semble issu d’un autre monde.
luchini a toujours l'air de trouver sa manière de dire les choses plus importantes que ce qu'il dit, mais ça restait à un niveau relativement acceptable, il ne donne pas des envies de violence physique donc c'est déjà bien.
ce n’est pas un film essentiel d’une quelconque manière que ce soit mais si on a envie de film historique, ça ne démérite pas.