Une cloche de plongée totalement corrodée plonge dans les profondeurs d'une ville en ruines. Un assassin en sort et va explorer la ville à travers un labyrinthe de paysages habités par d'étranges personnages.
Fruit de 30 (!) années de travail, d'abord durant sa carrière à ILM et par la suite, une fois que Tippet s'était fait bouffer par le numérique.
Cette longue durée de gestation se ressent : changement de format (passage de l'analogique au numérique), de formes (passage de la stop motion au live brièvement puis retour), d'échelles (on alterne entre le minuscule et le gigantisme). La méticulosité du tout reste impressionnante, chaque plan fourmille de détails ; ça a dû être un enfer à créer et à animer.
Pas de fil narratif précis non plus auquel se raccrocher, on a parfois l'impression d'enchaîner des courts métrages (muets d'ailleurs) dans un même univers sans lien entre eux. Le tout arrive tout de même même à conserver une certaine cohérence, un fil directeur.
Les idées et thématiques sortent apparemment des rêves de Tippet dans ses moments down (si je me rappelle bien la série sur ILM, il est bipolaire), ce qui explique le kaléidoscope cauchemardesque que constitue le film : ça suinte, ça tue, ça meurt pour engendrer un nouveau cycle de corruption/destruction/création dans des décors décrépis et apocalyptiques. C'est très noir, plutôt brutal, sanglant et sans échappatoire.
En tout cas, le film me reste en tête après une semaine. Parmi les tag lines débiles de l'affiche, celle qui affirme que c'est une expérience de cinéma n'a pas tort.
Le film a apparemment permis à Tipett de décrocher un contrat pour un long métrage, toujours en stop motion, scénarisé par un tiers. On gagnera probablement en cohérence ce qu'on perdra en originalité.