Le sergent Lo se fait voler son arme un soir. Un officier de la Police Tactical Unit, une unité spéciale de Hong Kong, promet de la lui rapporter avant la fin de la nuit, et part à sa recherche avec son équipe. En parallèle, Ponytail, le fils du chef d'une des triades, se fait assassiner et ce dernier croit que l'assassin de son fils n'est autre qu'un membre d'une triade rivale. Il est plus de minuit et la nuit ne fait que commencer pour tout le monde, flics et voyous. Dans un Hong Kong vide de ses habitants, la chasse est ouverte...
Comme je l'ai brièvement évoqué dans la shoutbox, ça fait quelques années (depuis que j'ai commencé à rentrer mes notes sur IMDb) que je cherchais à retrouver ce fameux film asiatique vu lors de ma première séance à la cinémathèque au milieu des années 2000. J'ai longtemps pensé que ça devait être un Tsui Hark mais rien ne collait. Révélation hier soir, il s'agissait donc de PTU de Johnnie To, film dont je me souviens maintenant ne pas avoir vu la fin à l'époque (à cause d'un mal de crâne).
Tout le monde (Degryse pourra confirmer) connaît ma méconnaissance profonde du cinéma HK. J'ai uniquement découvert Johnnie To l'an dernier avec Exilé et je ne peux pas dire que ce film m'avait particulièrement emballé. Rien ne me prédestinait donc au choc esthétique d'hier soir. Choc que ne semble pas avoir vécu beaucoup d'entre vous, au vu des notes et des commentaires dans le Top de Johnnie pour le moins tiédasse. Ce que d'une certaine manière je peux comprendre, tant PTU est à l'opposé de tout ce à quoi je pouvais m'attendre. Gun fight réduit à la portion congrue, scénario qui tient sur une feuille de cigarette, lyrisme au ras des pâquerettes, pour faire simple c'est la fusion ultime de Driver de Walter Hill et La Horde sauvage de Peckinpah, saupoudré de référence léonienne bien sentie. Et ça ne pouvait que m'enthousiasmer. Les personnages y sont réduits à leur fonction archétypale, flics et gangsters mais l'expression d'une même force, d'un même mal, d'une violence prête à tout pour régner sur l'ancienne colonie britannique (et dont la résolution ridicule démontre la profonde futilité). Ville par ailleurs totalement vidée de sa population le temps d'une nuit, pour mieux y laisser ces forces antagonistes s'y opposer, à l'éclairage saturé de néons qui génère un drôle de ressenti hyper réaliste (je suis une bille techniquement donc je vais probablement dire une connerie, mais il me semble que le film a été tourné en pellicule et j'aurai pourtant mis ma main à couper que c'était du numérique).
Mais plus encore que tout cela, c'est la véritable maestria dans la gestion des corps dans l'espace qui frappe. Et ce dès la première scène dans le restaurant où se retrouve le flic, la bande des 4 malfrats et celui qui va poignarder leur chef. C'est un véritable ballet auquel ces 6 là se livrent entre les tables, que le propriétaire ne cesse de déplacer pour respecter le semblant de hiérarchie social. Et tout le reste est à l'encan, certaines scènes du film s'apparentant à de la pure danse, les corps se mouvant à la perfection, ponctuées d'entrées dans le champs parfaitement dosées (la première apparition du gamin sur son vélo est à tomber), il faut saisir la dimension purement chorégraphique du film pour en voir toute sa beauté.
5/6