avec l’horreur, les comédies romantiques, les films historiques, les films policiers, les thrillers, les films d’action font partie de ces pans entiers du cinéma que l’industrie française a largement abandonné cette décennie passée, considérant que les retraités CSP+ pour les comédies dramatiques et les familles « provinciales » pour les comédies formaient son seul public potentiel.
gloire donc a netflix de construire, à lui seul, une école française du genre – en reprenant les choses là où « braqueurs » ou « antigang » les avaient laissées. pas forcément les références les plus porteuses, mais on fait avec ce qu’on a.
après les invraisemblables navets de julien leclercq, c’est plus dans l’univers d’alban lenoir que semblent se passer les choses intéressantes. je ne suis fondamentalement pas fan du tout des balles perdues, tout en reconnaissant les choses intéressantes, mais j’étais fort curieux de voir ce AKA. l’histoire sympathique de sa création (on trouve facilement sur google les messages postés par lenoir lui-même il y a 15 ans pour raconter ses galères à le monter dans un système français qui ne veut pas entendre parler de cinéma d’action) encourage forcément à avoir un œil bienveillant.
et c’est effectivement pas mal, ça porte pour le coup quelques promesses pour construire une école française du film d’action. déjà, alban lenoir commence à devenir carrément iconique, avec sa silhouette de brute épaisse et son visage renfrogné hyper efficace. le concept de l’agent solitaire chargé des sales besognes à l’étranger et sur le sol national est plein de potentiel. il y a quelques chouettes idées de mise en scène pour les scènes d’action. eric cantona est un super méchant. il y a des tentatives réussies de « genrifier » des éléments très français et quotidiens (le bus, l’appartement…).
il y a aussi les scories habituelles de netflix. le film est beaucoup trop long, 2h pour ça c’est juste trop. il y a une fascination habituelle pour les truands, le crime, sans aucun recul ni questionnement moral ni rien, l’impression que netflix fait des films pour tous les dealers de France qui ont vocation à s’identifier. le film se perd dans une intrigue d’infiltration avec une sous intrigue familiale dont on se branle, c’est évident qu’il fallait virer une grosse partie de ça pour se concentrer sur la traque du terroriste. et s’il y a de bonnes choses, la mise en scène manque quand même tragiquement d’ambition, contraignant le film à ressembler à un telefilm alors qu’avec un peu de travail ça pouvait vraiment prendre une dimension supplémentaire.
le prochain lenoir après balle perdue 3 me semble être le remake du salaire de la peur avec gastambide et réalisé par leclerc, je n’ai donc aucun espoir. mais le gros succès des balles perdues et de AKA (par exemple en amérique du sud qui ADORE les films d’action français !), la suite d’antigang sur disney +, il y a plusieurs signes porteurs d’espoirs qu’on rentre peut être dans une décennies où des trucs sympas vont se faire.
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