Popopo le croisement tant attendu entre la rétro musicals et la rétro Coppola!
Le mystérieux Irlandais Finian McLonergan arrive à Rainbow Valley, une ville du Missitucky, dans le sud des États-Unis. Il est accompagné de sa charmante fille Sharon.
Le début de la carrière de Coppola est vraiment chelou, entre les courts métrages érotiques remontés en long, les cormaneries, un proto-Le Lauréat et cette comédie musicale qui apparaît comme une pure commande (mais je connais encore trop mal le cinéma de l'auteur pour déceler de potentielles récurrences thématiques).
Le statut du film est d'autant plus bizarre que l'âge d'or du genre touchait à sa fin et ce Fred Astaire vieillissant en est assez symptomatique. Pour autant, j'ai été surpris par le véritable sujet niché derrière cette improbable histoire d'irlandais qui vient enterrer de l'or volé à un leprechaun sur le sol américain parce qu'il croit que ce dernier possède des propriétés magiques promettant la prospérité. En effet, il s'agit également en partie d'une satire sur le racisme, un personnage de sénateur bigot cherchant à voler les terres d'une communauté majoritairement noire. J'ai par conséquent été encore plus surpris d'apprendre qu'il s'agissait d'un musical scénique de 1947 et que cette thématique n'était pas un ajout de l'adaptation réalisée 20 ans après en plein mouvement pour les droits civiques.
Néanmoins, cette hétérogénéité dans le récit, moins avant-garde que dans le matériau de base du coup, cristallise assez bien le souci du film, qui part un peu dans tous les sens (y a une sous-intrigue dont la présence est inexplicable qui suit les essais d'un des locaux cherchant à créer un hybride de tabac et de menthe) et quand les deux trames principales se rejoignent, c'est le grand YOLO (la fille de l'irlandais s'énerve contre le sénateur et lui souhaite d'être noir lui-même et, comme elle se tient au-dessus de l'endroit où le pot d'or du lutin a été caché, son voeu est exaucé et le sénateur subit une Agathe Cléry).
Cette bicéphalie se retrouve également dans la forme, parfois engoncée dans les canons du genre (décors de nature ultra fake en studio qui clashent avec plusieurs scènes tournées en décors naturels) mais que le jeune Coppola cherche visiblement à exploser (numéros musicaux parfois plus proches du clip dans le montage, dans le comédien qui regarde la caméra, dans le travelling arrière filmant un groupe qui avance en chantant) ou à se réapproprier (une chanson presque entièrement filmée en gros plan longue focale sur l'héroïne).
Mais en vrai, le problème, ce n'est pas tant que se côtoient Fred Astaire et Petula Clark, ou conte de fées et contexte politique, mais que c'est chiant.
C'est 2h25 pas franchement drôles, avec deux chansons bien sur dix, et une tentative ratée d'ouvrir la fenêtre pour évacuer l'odeur de naphtaline.
