aka Záhrada
Un film allégorique sur le thème il faut cultivez son jardin.
Le genre de film qu’il est de coutume de qualifier de « petit miracle. » Contentons-nous donc de dire qu’il réussit très bien ce qu’il se propose de faire, à l’aide d’une photographie, d’un montage, d'une interprétation en tous points admirables.
Fable philosophique teintée de réalisme magique (ou de magie puisé dans le folklore), le programme du film est à la fois minimaliste, et fable existentielle oblige, a les yeux un peu plus gros que le ventre.
L’action y est quasi circonscrite à un verger hors des temps, où le personnage va trouver refuge, avec la ferme familiale attenante. La caméra explore avec gourmandise et sensualité ce lieu unique, les déplacements qui s’y font, le changement des saisons, profusion des pommes, profusion des feuilles mortes. L’histoire ? Celle d’un jeune homme un peu paumé qui se retrouve dans la pureté originelle du jardin, se réconcilie avec son père, et permet, de la sorte, de réconcilier son père avec sa propre enfance.
Le film est divisé en bref chapitres, au début desquels les péripéties sont annoncées à la façon d’un roman picaresque par une voix off. Le procédé est un peu lourdingue, a quelque chose de sentencieux rappelant des films protestants style Le Festin de Babette (avec qui Le Jardin partage encore d’autres points communs comme ce côté rustique) ou Antonia et ses filles, un film hollandais féministe qui… date en fait de la même année et se passe ausi dans une ferme, mais il participe de manière intéressante à la modestie du film, Il désamorce et amorce en même temps la charge de ce qui va se passer ; il participe aussi à créer un rythme très particulier, plutôt enlevé, et où les moindres péripéties prennent des proportions démesurées. Les deux chapitres les plus faibles sont ceux où le personnage est rejoint par deux figures philosophiques, Rousseau et Wittgenstein, qui force un peu trop le côté conte philosophique du film. The Garden possède un tempérament métaphysique, à rapprocher d’un Tarkovski, avec ses petites épiphanies, mais beaucoup plus terrien, plus disposé à s’amuser, peut-être typique d’un esprit slovaque fortement ancré dans la ruralité.
Très beau petit film.