M3GAN est un miracle technologique, une cyber poupée dont l’intelligence artificielle est programmée pour être la compagne idéale des enfants et la plus sûre alliée des parents. Conçue par Gemma, la brillante roboticienne d’une entreprise de jouets, M3GAN peut écouter, observer et apprendre tout en étant à la fois l’amie et le professeur, la camarade de jeu et la protectrice de l’enfant à qui elle est liée. Quand Gemma devient tout à coup responsable de sa nièce de 8 ans, Cady, dont les parents sont soudainement décédés, elle n’est absolument pas prête à assumer son rôle. Débordée et sous pression au travail, elle décide de lier le prototype M3GAN encore en développement à la petite fille, dans une tentative désespérée de résoudre ses problèmes sur ces deux fronts.
Film d'horreur saisonnier de chez Blumhouse, qui plus est chapeauté par James Wan, M3GAN est la définition même de l'expression by the book. Son principal défaut est donc d'être dénué de la moindre prise de risque dans ses rouages horrifiques, que ce soit au niveau de la gestion de la tension et du suspens, ou lors des passages à l'acte de la poupée.
Il y a quand même des qualités, notamment ce rytme placide mais jamais chiant maintenu tout du long sans faiblir, et sans non plus d'emballements dissonnants, ainsi que ces changements de ton humoristiques, voire parfois satiriques qui marquent l'influence bienvenue de James Wan (quelques moments, notamment une danse qui sort de nulle part, laissent imaginer ce qu'il aurait pu en faire de plus décomplexé, en mode Malignant).
Toute l'entrée en matière est intéressante aussi, voire même plutôt riche, notamment la manière dont est installé le personnage de Gemma (jouée par la brune de Get Out), véritable miracle girl du système : célibataire, sans enfants, compétente et carriériste, complètement détachée de la mort de sa soeur, pas adaptée du tout à l'accueil chez elle d'une enfant, connectée en permanence, dont la maison est un musée constamment impeccable, avec une étagère dédiée à des jouets de collection. La petite y est mal à l'aise, sauf dans l'atelier de Gemma, seule pièce en bordel mais à l'image de sa passion et où les liens vont commencer à se tisser.
Deux personnages principaux bien campés, qui oscillent constamment entre leurs limites, contradictions et fêlures (la petite qui devient odieuse dès lors que l'addiction à la poupée est bien installée), et qui illustrent très bien la question d'une technologie plus seulement pratique et idéale, mais envahissante et possessive, corrosive pour le rapport à soi et aux autres.
Bref, un film d'horreur pépère, mâtiné d'humour noir, plutôt honnête dans l'ensemble, doublé d'une fable loin d'être idiote.
Ted Kaczinsky avait raison/6.