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Les Pires (Lise Akoka et Romane Gueret, 2022)
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Auteur:  bmntmp [ 20 Déc 2022, 21:59 ]
Sujet du message:  Les Pires (Lise Akoka et Romane Gueret, 2022)

J'aimais bien le postulat sur lequel le film ne s'appesantit pas trop, ménageant la chèvre et le choux, faisant le pari d'une rédemption roublarde par le cinéma, comme le faux making of d'un autre film, et du titre une forme d'antiphrase.
Les pires ne sont pas les pires : bien sûr ce sont juste des enfants paumés pas gâtés par la vie. Le film montre sinon une forme d'intimité, de parenthèse, où se fomentent quelques abus, offertes par le tournage qui finalement ne sont pas remises en cause, ou si peu, dans un dialogue vers la fin où les habitants du quartier, qui essaient d'améliorer les choses au quotidien, ont la parole et reprochent à l'équipe de tournage de faire fonds sur un folklore facile sur le Nord : la fille mère, la pauvreté, etc.
Le film se démarque de ses prédécesseurs en faisant ce pas de côté qui consiste à filmer le tournage et pas l'histoire, à moquer gentiment son réalisateur un brin manipulateur mais sensible, sosie flamand de Nicolas Bedos et... Nicolas Hulot ? C'est du Pialat, revu par Dumont, les Dardenne et Strip-Tease, édulcoré, avec un commentaire sur les méthodes abusées d'un Pialat résumé en une scène de bagarre entre enfants dont on montre que le faux tournage franchit la limite. Il n'y a pas la brutalité, la frontalité d'un Dumont, ni l'humanité, la vraie, sans afféteries des meilleurs Striptease. Et il y a ce donc ce décalage entre une fiction (le film) et une autre (le film dans le film).
Mais le vrai ? Est-ce de la subtilité ou de la facilité ? Ce flottement créé des moments intéressants, comme ce moment de réalisme magique, faisant office de climax du film dans le film, avec lâcher de colombes, à la fois ridicule et émouvant, mais qui adopte ce trop soûlant de la communion collective devant un spectacle comme pyrotechnique (comme les feux d'artifices dans Nous d'Alice Diop). Et ce deuxième climax où les talents des acteurs trouvent à s'exprimer : ils jouent une situation inventée en s'appuyant sur une situation elle-même inventée (le trauma de l'adolescente qui a perdu son frère). Mise en abyme quand tu nous tiens... Reste les acteurs, évidemment très bons, mais trop filmés en gros plans, dont les personnages sont solutionnés trop facilement (le mal-être de l'une et de l'autre s'explique par une homosexualité refoulée ou qui se découvre petit à petit). Le petit blond, Rayan aka Timéo (son vrai nom), au visage qui rappelle celui de cet enfant ukrainien dont la photo a fait le tour des réseaux sociaux récemment, ravira le public. Et un commentaire sur la jeunesse actuelle et son usage des réseaux sociaux, un peu ironique (le cancer du frère qui donne lieu à des placements de produits).
La sympathique assistante réalisatrice dans le film joue vraiment comme une débile, représentant sans doute la posture idéale pour la fonction, empathique, pertinente et paumée.

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