Une jeune nonne prend un taxi pour se rendre à l'hopital de la ville voisine
Mieux vaut ne rien savoir de l'histoire avant de rentrer en salles, tellement on est en face ici d'un film très surprenant, qui ménage son petit lot de surprises tout le long de ses 2 heures. Déjà le début. On s'attend à un polar et la première heure ressemble plus à un cinéma naturaliste assez aride. Apetri va coller aux basques de la religieuse et égréner des indices pour révéler petit à petit le mystère qui entoure la religieuse. Mais ce qui passionne, c'est bien le dispositif formel déployé par le cinéaste. Plans fixes de plusieurs minutes, longues séances de dialogues et de silences, le cinéaste colle littéralement à ses personnages. C'est très manièré, certains vont trouver cela poseur, mais si on adhère comme moi c'est un vrai tour de force. On a quasi l'impression d'être en temps réel et l'immersion à l'écran est très réussie. J'aime beaucoup aussi la manière dont Apetri joue du hors champ. Ceux qui aiment les mises en scène avec une forte personnalité vont être servis.
Et puis il y a cette scène centrale. Ce "crime" de plusieurs minutes qui est un petit bijou de mise en scène. La manière qu'Apetri joue sur la bande son, le travelling circulaire et le hors champ, c'est tout bonnement remarquable. Et là le film repart ensuite dans une direction totalement opposée avec enfin des flics à l'écran. Le dispositif formel reste le même mais on a quasi l'impression de voir un second film (que je ne détaillerais pas), tellement on change d'horizon. C'est assez couillu à l'écran mais ça reste toujours aussi passionnant. Les 15 dernières minutes sont casse-gueule, Apetri est sur un fil mais ça fonctionne jusqu'à une très belle image de fin.
Une pépite du cinéma roumain et je viens d'apprendre que c'est le second volet d'une trilogie, dont le premier volet a une jolie réputation.
4-5/6