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Nitram (Justin Kurzel, 2021)
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Auteur:  bmntmp [ 28 Avr 2022, 08:27 ]
Sujet du message:  Nitram (Justin Kurzel, 2021)

Ça sort en salles le mois prochain.
Bonne et élogieuse critique de Armond White beaucoup plus sensible que moi aux qualités du film. Avouons-le, c'est le film dont on se dit qu'on en sait déjà à peu près tout avant d'appuyer sur le bouton. Julien Kurzel qui s'était fait connaître avec un film sur un fait divers sordide australien, le panneau inaugural "ce film est inspiré de fait réels, de l'aide psychologique pour quiconque pourrait être perturbé est disponible à tels numéros ou adresses", le visage bizarre, mi-beau, mi-laid de Caleb Landry Jones dans ses premières scènes en grande enfant adepte des feux d'artifice et rétif à l'autorité. Une menace visiblement gronde.
Sans connaître les faits réels dont s'inspire le film, on connaît un petit peu le Chabrol australien (dont le précédent film, passé inaperçu ici, avait l'air intéressant dans un style de bruit et de fureur, âpre qui n'est pas loin de relever du cliché aux antipodes). La première heure est bien, comme une exploration de la maladie mentale avec une mise en scène lyrique et belle et qu'elle arrive à surprendre de ce point de vue. La menace gronde bel et bien de manière un peu trop prévisible mais une forme de relâchement qui va avec , et la beauté des paysages de la Tasmanie, vient balayer quelques uns de nos préjugés. Malheureusement le tragique du fait divers et du réel exposé au vu et au su de tous finit par tomber comme un couperet. Il y a de belles choses dans le film, dans les performances des acteurs, cette psychologie justement complexe et dont les explications nous échappent mais qui se retrouvent rattrapés par des trucs trop prosaïques - une hésitation entre la fiction et la facilité de se coller au réel.
https://www.nationalreview.com/2022/04/ ... sterpiece/

Auteur:  Art Core [ 03 Mai 2022, 09:20 ]
Sujet du message:  Re: Nitram (Justin Kurzel, 2021)

Le plus gros défaut du film est son côté programmatique. En effet on est dans un espèce de carcan très fermé où l'on va suivre de très près durant 1h45 un personnage dont on sait qu'il va exploser. Il faudrait le voir sans en connaître préalablement la fin pour se détacher de cette fatalité qui ombrage tout le film (même si on en connaît pas les détails). Kurzel évite assez judicieusement la complaisance psychologisante et se contente souvent d'être à côté de son personnage étrange, parfois touchant, souvent énervant qui erre dans une forme d'irréalité anachronique, seul dans cette grande maison sans âge, sans emploi, sans but. C'est là où le film est le plus réussi, ce côté Last Days du personnage, perdu au milieu du monde. Ce personnage presque déjà de fiction (aussi incroyable que ça puisse paraître toute l'intrigue avec la riche héritière est vraie) qui peine à se construire une histoire.

Caleb Landry-Jones est génial avec en effet ce physique étrange, lui aussi sans âge, à la fois beau mais pas tant que ça, doux mais capable de violence soudaine. Et le film de poser ça et là des petits jalons dans son histoire qui pourraient essayer de donner un sens à l'insensé (un père suicidaire, le harcèlement en continu, une injustice envers ses parents, frustration sexuelle etc...) sans jamais pousser le bouchon. Ca m'a rappelé Mon ami Dahmer de Derf Backderf qui se souvenait de ses années lycée à côté de Jeffrey Dahmer, futur tueur en série.

C'est bien, le film a une gueule, un vrai truc dans ses décors, sa photo, sa mise en scène très posée et Kurzel évite quand même les pièges les plus évidents dont le plus attendu
on ne verra rien du massacre.
Mais d'une certaine manière le film est limité par son propre sujet, il ne parvient pas à le transcender. A l'image de ces cartons finaux qui donnent l'impression d'un film presque institutionnel sur la circulation des armes en Australie et qui semble sciemment oublier son personnage principal, dont le nom complet ne sera jamais écrit ou prononcé. D'ailleurs Nitram, le titre correspond au surnom des bullies envers lui (c'est Martin à l'envers). Comme si le film avait peur d'être accusé d'adoucir ou de trop humaniser son protagoniste.

Curieux plan final qui m'a pas mal dérangé.
Alors qu'à la télé on annonce le massacre, un panoramique nous montre la mère, fumant une cigarette sur son perron, encore préservée de la révélation de la monstruosité de son fils. Comme si le film déplaçait soudainement son centre de gravité vers elle, de manière maladroite.


4/6

Pour info la page wiki du massacre en anglais est d'une redoutable (morbide ?) précision (récit froid et chronologique des meurtres) : https://en.wikipedia.org/wiki/Port_Arth ... (Australia)

Auteur:  bmntmp [ 03 Mai 2022, 18:07 ]
Sujet du message:  Re: Nitram (Justin Kurzel, 2021)

J'interprète le plan final différemment,
la mère se doute probablement de ce qui s'est passé, moins surprenant au fond que la rencontre avec une riche héritière, le truc le plus étonnant du film et du fait divers


d'ailleurs ils ont un peu enlaidi Essi Davies mais elle ne ressemble vraiment pas à la millionnaire d'origine.

Sinon marrant les balises spoilers pour mettre à la fin la page consacrée au fait divers - je ne connaissais rien au film mais cet aspect est évident dès les premières minutes du film - on pense évidemment à la figure de Dahmer. A Poil de Carotte - d'ailleurs le protagoniste torturait les animaux je crois, ce que le film ne nous montre pas. Le nom changé en palidrome a donné l'idée d'en faire un aficionado des feux d'artifice visiblement - toutes choses qui accentuent l'idée de bombe à retardement. Je trouve que les jalons posés par le film, comme tu dis, sont intéressants car il refuse une forme de psychologie normale dans ses explications tout en montrant comment les gens s'en accommodent. Pas de frustration sexuelle véritable dans le portrait du protagoniste, complètement asexué d'ailleurs. Mais finalement celui assez bateau d'un enfant martyrisé, ou bullied car bizarre. Michael Bully aurait pu le jouer d'ailleurs! Consacrer un film au personnage a pu faire polémique en Australie. Dans vingt ans, on aura droit au film sur Elliot Rodger - ou peut-être pas car c'était un enfant de type qui travaillait à Hollywood. Finalement Toshiaki Toyoda, en s'inspirant de Ted Kaczynski, pour faire un film sur un terroriste japonais plus intéressant rien que par la simple transposition et au fait que ça lui faisait prendre des libertés par rapport à l'histoire d'origine.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 13 Mai 2022, 14:27 ]
Sujet du message:  Re: Nitram (Justin Kurzel, 2021)

Spectre de Columbine qui plane, univers à la Gus Van Sant/Larry Clark... Cette impression de voir un film de 2004.

Le film est tenu et assez fin dans certaines choses qu'il montre, notamment l'ambivalence de Caleb Landry Jones, violent et innocent à la fois. Et la mise en scène n'en fait pas trop, ni dans le hiératisme verrouillé, ni dans le vérisme shaky. Y a un juste milieu posé et adulte.

Mais pour le reste je trouve ça maladroit au possible. Kurzel ne trouve jamais la bonne distance: c'est trop psychologique ou pas assez. Le film déroule son programme "cocotte-minute" avec cette litanie systématique de griefs, entre les vieux qui ont acheté la maison, la relation amour-haine avec le Chad australien... Tout ça pour avancer leeeentement vers une tuerie attendue et qui sera évitée de manière poseuse (le plan FILS DE L'HOMME dans la voiture). Et tout ça pour au final bifurquer vers les panneaux en mode "Ah en fait c'était un film contre les armes ?"

Raté.

Auteur:  Arnotte [ 13 Mai 2022, 14:42 ]
Sujet du message:  Re: Nitram (Justin Kurzel, 2021)

Faut peut-être arrêter avec Justin Kurzel, aussi.

Auteur:  Abyssin [ 13 Mai 2022, 15:20 ]
Sujet du message:  Re: Nitram (Justin Kurzel, 2021)

Arnotte a écrit:
Faut peut-être arrêter avec Justin Kurzel, aussi.
Un peu déçu par ce qui a suivi Les crimes de Snowtown mais dans ce Nitram on retrouve de ce qui faisait l'intérêt de son premier. Alors c'est inégal et tu as des défauts, le côté programmatique du dernier tiers, mais il y a de nombreuses bonnes idées et de fulgurances, et tu retrouves le côté poisseux de Snowtown. Et le Caleb Landry Jones est phénoménal.
Team Art et bmntp dont les remarques sont très justes.

Qui-Gon Jinn a écrit:
notamment l'ambivalence de Caleb Landry Jones, violent et innocent à la fois.

Le film est très bon dans la manière dont il montre sa désocialisation.

Qui-Gon Jinn a écrit:

Tout ça pour avancer leeeentement vers une tuerie attendue et qui sera évitée de manière poseuse (le plan FILS DE L'HOMME dans la voiture). Et tout ça pour au final bifurquer vers les panneaux en mode "Ah en fait c'était un film contre les armes ?"
Ouais les phrases de la fin, même si l'évolution légale des armes en Australie est intéressante, sont dispensables et surtout tu t'en fous. Tu avais un peu le même problème dans Bac nord. Après, perso, j'en fais abstraction, c'est 2 minutes dans le film mais effectivement cette tendance à vouloir absolument rattacher l'histoire du film à une "lutte/dénonciation de société", est un peu énervante. Et OK avec Art core, le film s'arrête au bon moment.

Auteur:  KillMunster [ 13 Mai 2022, 16:12 ]
Sujet du message:  Re: Nitram (Justin Kurzel, 2021)

Le genre de film où il faut chercher ici ou là des sources de satisfaction (l'acteur qui joue bien, les décors, quelques personnages originaux, ...) mais globalement c'est pas terrible et surtout ça n'apporte rien.

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