avec des scènes visuellement illisibles

qui semble inutilement chargée en sous-intrigues.

Non je comprends, à chaque fois que je tombe sur The Dark Knight à la télé, je me dis qu'un jour d'arriverais à voir ce film en entier, mais en fait je décroche vite, tant le film est bordélique, avec des scènes visuellement illisibles qui ne donnent pas envie de se plonger dans l'histoire qui semble inutilement chargée en sous-intrigues.

En fait, tant que le cheminement du Riddler reste à la fois mystérieux et parano, le jeu de piste tient en haleine. Et son délire n'a rien de complotiste : toutes ses victimes sont coupables, corrompues et dangereuses pour la société et les institutions. L'ensemble commence d'ailleurs à battre de l'aile dès qu'il J'aime son côté Theodore Kaczinsky, où finalement le mec a raison, quelque part... Sauf que Reeves préfère malheureusement freiner la prise de risque politique et morale autour de la vengeance violente comme juste (et seule) rétribution dans un système dont les dès sont pipés, pour embrayer vers de la "folie" finalement très convenue. Dommage, car la rentrée dans le rang après toute cette ambivalence est underwhelming en mode : "ouais, non, c'est un taré en fait, c'est bon, c'est un méchant safe."

(Personne n'a trouvé que le thème musical marquant les apparitions de Batman démarrait exactement comme le thème de l'Empire dans Star Wars ? Les quatre premières notes sont les mêmes)

Batman combat les symptômes mais n'a aucune conscience systémique des choses. C'est mignon de bastonner des ploucs dans le métro mais ça ne suffit pas, si par ailleurs tu livres gentiment le malfrat numéro 1 à une police corrompue tout en laissant le malfrat numéro 2 reprendre le business. Batman, c'est un idiot utile, et c'est dommage (ou, sans doute, imposé par la fidélité des comics) qu'aucun scénariste ne le fasse évoluer logiquement soit vers un anarchiste sanglant, soit vers un despote tyrannique.

On est d'accord, le Batman de cinéma doit absolument s'affranchir des dictats du Batman de BD. Le vice des comics, c'est de multiplier les univers, les incarnations, les voix, d'étirer artificiellement les vies de personnages "qui n'ont pas encore tout dit", avec le vœu pieux qu'ils peuvent s'adapter à toutes les époques... Mais visiblement pas à tous les discours.

Autant je suis le premier à rouler des yeux face à la ritournelle "Batman tabasse des pauvres mais livre des criminels en col blanc à Gordon", typique d'une lecture "déconstructiviste" de contrarian de gauche qui ne sert qu'à faire le malin (malgré l'effet inverse, mais ça c'est une autre histoire), autant je suis à fond pour une vraie exploration de cette logique, comme tu la décris.

Enfin, comics et ciné sont tellement en train de fusionner culturellement que je vois mal comment les risques qui ne sont pas pris dans un medium le seraient dans un autre.