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Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)
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Auteur:  Art Core [ 14 Fév 2022, 11:18 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

Oui évidemment c'est un peu vendu comme un thriller alors que ça n'en est pas vraiment un.

Auteur:  Azazello [ 14 Fév 2022, 11:54 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

ça me fait penser au précédent en effet, Peretti faisait un truc assez trouble, difficile à suivre, loin du thriller politique ou film dossier que son sujet pouvait laisser croire... perso ça m'avait pas convaincu à 100%.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 14 Fév 2022, 12:25 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

Déjà-vu a écrit:
Art Core a écrit:
En interne (c'est un film Arte) on prédit un très mauvais bouche à oreille.

Ça vaut ce que ça vaut mais je l'ai vu dans une salle pleine à Bastille et mes voisins de rangée n'ont pas kiffé non plus (je plains l'homme qui s'est pris un "c'est toi qu'as choisi le film" de sa femme en pleine tronche à la fin).
J’ai entendu un "C’est prenant mais confus".

C’est typiquement le genre de film "fait pour la critique" mais qui peut conduire à un malentendu. D’ailleurs en sortant du ciné je me suis étonné de l’affiche, cadrée plus serré que le film.

Auteur:  Déjà-vu [ 14 Fév 2022, 13:31 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

Moi en sortant je me demande ni plus ni moins quel est le sujet du film; pas celui qu'il adapte, mais son axe, son apport; je ne vois tout simplement pas.

Auteur:  JulienLepers [ 14 Fév 2022, 14:29 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

Qui-Gon Jinn a écrit:
C’est typiquement le genre de film "fait pour la critique" mais qui peut conduire à un malentendu.


C'est d'autant plus triste avec les événements de départ qui peuvent toucher le plus grand nombre. Le discours sur le doute, je veux bien... mais en l'état ça ressemble plus à une béquille parce qu'on est dépassé par le sujet plutôt qu'une vraie position de départ.

Auteur:  Art Core [ 14 Fév 2022, 14:40 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

Au contraire, je pense que c'est totalement son projet.

Auteur:  boultan [ 14 Fév 2022, 19:14 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

JulienLepers a écrit:
Qui-Gon Jinn a écrit:
C’est typiquement le genre de film "fait pour la critique" mais qui peut conduire à un malentendu.


C'est d'autant plus triste avec les événements de départ qui peuvent toucher le plus grand nombre. Le discours sur le doute, je veux bien... mais en l'état ça ressemble plus à une béquille parce qu'on est dépassé par le sujet plutôt qu'une vraie position de départ.


En tout cas, ça suscite des réactions assez manichéennes selon qu'on se satisfasse ou non que l'intérêt du film réside effectivement dans ce doute.
La construction du film me laisse à penser que c'est exactement l'objectif : on démarre avec Lindon et son personnage potentiellement convaincant et Zem qui a quand même marqué "chelou" sur le front, et ensuite on se fond de plus en plus dans la peau du journaliste (qui du coup n'a pas vraiment de personnalité, lui), qui se rapproche de Zem mais à qui beaucoup de monde reproche de se faire pipoter. Alors effectivement c'est pas Les hommes du président avec des gentils et des méchants bien identifiés, mais ça me semble plus fidèle à la majeure partie des enquêtes journalistiques de ce genre : des indics à l'allure moyennement fiable, des flics pourris mais peut-être pas complètement, des journalistes qui font avec ce qu'on leur donne (comme infos et comme place en une), des magistrats pas forcément appelés à juger du fond...

Auteur:  JulienLepers [ 15 Fév 2022, 11:48 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

J’ai bien compris ce qu’Art Core et toi dites sur le doute et la description de l’enquête mais je trouve justement que c’est là que le bât blesse, parce qu’on est moins, je me répète, dans de l’investigation mais dans la promotion. Tu cites Les Hommes du Président mais justement, t’as un peu l’impression que Woodward et Bernstein mouillaient plus leur chemise que Pio Marmaï qui s’en tient à un rôle de chambre d’enregistrement d’un unique témoin.

Dans le Pakula, tu as quand même une telle minutie dans le déroulé de l’enquête qu’il arrive à rendre mémorable une scène où deux mecs fouillent dans des fiches d’emprunt à la bibliothèque. Tu parles de manichéisme et de « gentils » et de « méchants » mais on ne voit même pas les « méchants » en question (Nixon n’apparaît qu’à la télé, par exemple), et on passe plus de temps avec deux journalistes qui galèrent pendant un an avec leur affaire dont tout le monde, même le journal qui les emploie, se fout : on est loin de la Une de Libé qui amène une discussion molle sur la diffamation. Quand Pakula fait le film, on sait évidemment tout du Watergate et de ses conséquences, donc il n’y a pas besoin de savoir si oui ou non les journalistes sont dans le vrai, mais plutôt comment ils en sont arrivés à faire démissionner un président en exercice. En revanche dans le De Peretti, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent donc on voit Pio Marmaï prendre deux cafés avec Roschdy Zem et ensuite s’engueuler au moment de la sortie du bouquin : c’est à peine le perso qui suit English Bob dans Impitoyable, « Ah bon, il était bourré quand il lui a tiré dessus, vous dites ? ». Et s’il voulait cultiver le flou, pourquoi placer en dernière séquence une voix off d’un article qui explique que « oui, bon quand même, il nous racontait pas des craques » ?

De même, quand tu dis que tu t’es méfié de Zem par rapport à Lindon qui semble plus crédible, je ne suis pas d’accord : j’ai eu un peu l’effet inverse, en fait, je pensais justement qu’on insistait, comme d’habitude, sur le fait que le vrai ripou était totalement intégré au système et plus respectable.
Après, oui, je vous laisse ça, c’est peut-être ça aujourd’hui le journalisme d’investigation : se concentrer sur le paraître plutôt que les actes, puis passer à autre chose viteuf. C’est un film de son temps, malheureusement. Mais je crois surtout que vu l'embarras et les possibles risques de poursuites judiciaires concernant le sujet, et si on suit la théorie du "film qui te raconte son propre tournage", on a préféré être évasif et sortir la carte "doutage" pour habiller la mariée.

Auteur:  Déjà-vu [ 15 Fév 2022, 12:11 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

JulienLepers a écrit:
Mais je crois surtout que vu l'embarras et les possibles risques de poursuites judiciaires concernant le sujet, et si on suit la théorie du "film qui te raconte son propre tournage", on a préféré être évasif et sortir la carte "doutage" pour habiller la mariée.

On entendra sûrement moins parler du disclaimer qui ouvre ce film que de celui de Bac Nord.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 15 Fév 2022, 14:56 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

Déjà-vu a écrit:
JulienLepers a écrit:
Mais je crois surtout que vu l'embarras et les possibles risques de poursuites judiciaires concernant le sujet, et si on suit la théorie du "film qui te raconte son propre tournage", on a préféré être évasif et sortir la carte "doutage" pour habiller la mariée.

On entendra sûrement moins parler du disclaimer qui ouvre ce film que de celui de Bac Nord.
Qui sont toujours moins pires que celui qui clôt ARTHUR RAMBO ("Les tweets sont fictifs et ne représentent pas la pensée de la production" :lol: )

Auteur:  latique [ 15 Fév 2022, 21:22 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

JulienLepers a écrit:
J’ai bien compris ce qu’Art Core et toi dites sur le doute et la description de l’enquête mais je trouve justement que c’est là que le bât blesse, parce qu’on est moins, je me répète, dans de l’investigation mais dans la promotion.
Oui, le film ne pose pas tellement la question des faits: ils sont établis dès le prologue.
C'est la différence avec "Les Hommes du président", où l'enquête porte sur ce qui s'est passé, et qu'on ignore. Là, y a rien de caché, c'est même le nom que ça porte: c'est de la livraison "surveillée": on voit donc dès le début ce qui se passe. Le prologue montre tout, plein cadre: l'arrivée de la drogue, la saisie à Paris, la visite du ministre.
On a tout vu, et on n'a rien vu: qu'est-ce qu'on a vu, en fait? Des flics ou des trafiquants? C'était prévu, la saisie, ou pas? C'est une saisie ou une mise en scène?

Le problème, c'est pas les faits, c'est l'interprétation des faits. Qu'est-ce que c'est, juridiquement, qu'une "livraison surveillée"? C'est légal ou pas? dans quelle proportion? Des questions retorses de ce genre.

Je ne pense pas que le film entretienne un "doute". Le titre le dit clairement, sans nuance, ni point d'interrogation: c'est un scandale d'Etat. Mais c'est un scandale dont personne ne veut, qui ne fait pas "péter la République" comme Hubert le rêvait, parce que tout le monde semble s'être habitué à ce que l'Etat de droit fonctionne normalement avec des mesures d'exception - au point de se retrouver à faire du trafic à grande échelle, au motif que c'est le meilleur moyen de lutter contre le trafic.
Quel personnage dit, à un moment, que la République échoue toujours quand elle commence à imiter les méthodes de ceux qu'elle poursuit? C'est une question qui dépasse le seul cas de la lutte contre le trafic de drogue.

Julien Lepers a écrit:
Tu cites Les Hommes du Président mais justement, t’as un peu l’impression que Woodward et Bernstein mouillaient plus leur chemise que Pio Marmaï qui s’en tient à un rôle de chambre d’enregistrement d’un unique témoin.
...
c’est à peine le perso qui suit English Bob dans Impitoyable, « Ah bon, il était bourré quand il lui a tiré dessus, vous dites ? ».

Pas d'accord: on n'est pas dans une opposition de western entre histoire et légende. Rien ne suggère que Hubert (R.Zem) est un affabulateur; tout montre le contraire (les mails évoqués, les sms, les réunions en salle de rédaction, les entretiens en Espagne avec le juge et le flic...). Le problème, c'est que personne ne sait dire ou ne veut dire que ce qu'il raconte constitue un scandale d'Etat.

Auteur:  JulienLepers [ 18 Fév 2022, 16:27 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

latique a écrit:
Je ne pense pas que le film entretienne un "doute". Le titre le dit clairement, sans nuance, ni point d'interrogation: c'est un scandale d'Etat. Mais c'est un scandale dont personne ne veut, qui ne fait pas "péter la République" comme Hubert le rêvait, parce que tout le monde semble s'être habitué à ce que l'Etat de droit fonctionne normalement avec des mesures d'exception - au point de se retrouver à faire du trafic à grande échelle, au motif que c'est le meilleur moyen de lutter contre le trafic.
Quel personnage dit, à un moment, que la République échoue toujours quand elle commence à imiter les méthodes de ceux qu'elle poursuit? C'est une question qui dépasse le seul cas de la lutte contre le trafic de drogue.


Je trouve qu'on ressent bien ce que tu décris dans la première partie du film, jusqu'au voyage en Espagne (là, justement où on questionne les méthodes de la république en rappelant que le trafic s'est monté sur la lutte contre l'ETA), ensuite, ça me semble être laissé de côté comme le reste pour privilégier les liens entre l'informateur et le journaliste. Mais oui, en y réfléchissant, on peut aussi voir dans le film ce que redoute Hubert et qu'il finit par reprocher durant la fête : on sort le scoop et on n'en fait rien. L'histoire d'une déception.

latique a écrit:
Julien Lepers a écrit:
Tu cites Les Hommes du Président mais justement, t’as un peu l’impression que Woodward et Bernstein mouillaient plus leur chemise que Pio Marmaï qui s’en tient à un rôle de chambre d’enregistrement d’un unique témoin.
...
c’est à peine le perso qui suit English Bob dans Impitoyable, « Ah bon, il était bourré quand il lui a tiré dessus, vous dites ? ».

Pas d'accord: on n'est pas dans une opposition de western entre histoire et légende. Rien ne suggère que Hubert (R.Zem) est un affabulateur; tout montre le contraire (les mails évoqués, les sms, les réunions en salle de rédaction, les entretiens en Espagne avec le juge et le flic...). Le problème, c'est que personne ne sait dire ou ne veut dire que ce qu'il raconte constitue un scandale d'Etat.


Oui, j'utilisais plus la comparaison sur ce qu'on voit faire le journaliste dans le film et non sur le but qui est tout autre.

latique a écrit:
On a tout vu, et on n'a rien vu: qu'est-ce qu'on a vu, en fait? Des flics ou des trafiquants? C'était prévu, la saisie, ou pas? C'est une saisie ou une mise en scène?

Le problème, c'est pas les faits, c'est l'interprétation des faits. Qu'est-ce que c'est, juridiquement, qu'une "livraison surveillée"? C'est légal ou pas? dans quelle proportion? Des questions retorses de ce genre.


Ça c'est la question intéressante notamment dans le dialogue avec la proc' qu'interprète Bruni-Tedeschi et qu'à titre perso, j'aurais aimé plus voir développée sur le reste du film.

Auteur:  boultan [ 19 Fév 2022, 13:22 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

Clairement, oui, c'est un film sur la déception : tout ça pour ça. Ca en dit sans doute long sur l'époque et ça n'est peut-être pas la matière d'un grand film, c'est possible. Le vrai scandale, c'est presque moins les agissements de l'appareil policier symbolisé par Lindon que la trouille des autres médias, l'interrogatoire gentillet des juges, la connivence des poignées de main à la sortie du tribunal et l'apathie de l'opinion qu'on devine derrière, qui se contente d'un changement de nom du bureau incriminé et de la placardisation de quelques têtes, tandis qu'on ne voit le problème de la drogue qu'à travers le spectre de petits bourgeois blancs qui se font une ligne en boîte ou fument un pétard en soirée dans un grand appartement parisien.

(le doute sur Zem, je l'ai eu quand même : quand il raconte El Chapo, quand il sort après des semaines d'entretien que Lindon a tué ou fait tuer des gars, c'est tellement gros que je me suis dit qu'il avait certes présenté de vrais éléments tangibles sur le trafic mais qu'il avait aussi sorti des bobards pour se venger d'un mec juste avant de mourir)

Auteur:  JulienLepers [ 22 Fév 2022, 09:27 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

boultan a écrit:
(le doute sur Zem, je l'ai eu quand même : quand il raconte El Chapo, quand il sort après des semaines d'entretien que Lindon a tué ou fait tuer des gars, c'est tellement gros que je me suis dit qu'il avait certes présenté de vrais éléments tangibles sur le trafic mais qu'il avait aussi sorti des bobards pour se venger d'un mec juste avant de mourir)


Je n'ai plus assez le film en tête mais oui, à chaque entretien il y a des moments où on se dit qu'il en fait trop, mais je pensais que c'était plutôt une manière de caractériser le personnage : fiable mais qui se la raconte. Pour El Chapo il dit qu'il a croisé sa maîtresse, non ? Dans le contexte, ça me paraissait pas impensable vu qu'on montre le côté tentaculaire du trafic. Mais je le reverrai, pour le coup.

Auteur:  latique [ 22 Fév 2022, 12:47 ]
Sujet du message:  Re: Enquête sur un scandale d'état (Thierry De Peretti, 2021)

JulienLepers a écrit:
On est dans la "plongée dans un monde d'initiés" qui singe un mode documentaire : la place dévolue au spectateur est d'assister aux coulisses à hauteur d'homme, ou sur le banc des jurés, voire en tant que stagiaire présent dans la salle de rédaction de Libé (la vraie de vraie, de ce que j'ai pu lire) et tout ceci maintient l'attention autant qu'elle la distrait par instants

Ca m'a beaucoup rappelé la mise en scène de certains Hou Hsiao Hsien: le refus du gros plan; le goût pour le plan long, de préférence sur un groupe, où l'action n'est jamais "cadrée" mais "décentrée", et susceptible de n'être pas saisie, ou bien délaissée au profit des bords, des marges où il ne se passe rien... C'est le contraire de la mise en scène comme "direction de spectateurs". Là, très souvent, on ne sait pas trop où il faut regarder dans le plan, dans lequel plusieurs plans semblent coexister.
Dans les entretiens que j'ai lus, Peretti cite Rosi, mais pas HHH. Je me trompe peut-être.

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