Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d’enfant, dans le monde de l’école.
Dans la catégorie film viscéral, caméra à l'épaule qui colle aux basque de son personnages tout le long du film, après L'évènement d'Audrey Diwan, voici son versant belge. Et bien c'est une excellente pioche. J'avais de l'admiration pour le Diwan mais il me manquait un truc pour être à fond et bien ce truc Laura Wandel l'a. D'abord, on n'"est pas dans une mise en scène sous influence Dardenne, comme on le voit dans pas mal de films de ce genre, il y a un vrai travail sur la forme qui prête à l'immersion et une adéquation entre forme et fond. Sur le sujet de l'harcèlement scolaire, Wandel opte pour des partis pris de mise en scène assez radicaux. Gros plans resserrés sur son héroîne, jamais à plus d'un mètre, hros champ quasi systématique des autres intervenants, flou de l'arrière plan après quelques mètres de distance, C'est vachement formaliste mais le procédé fonctionne et voir une mise en scène avec autant de caractère pour un film et bien ça fait plaisir. Le procédé fait qu'on est vraiment à hauteur d'enfant et que l'immersion en cour d'école fonctionne bien.
Contrairement à L'évènement, Wandel arrive ici à s'éloigner de ses lourdes références. La chose qui pourrait faire peur dans les premières minutes, c'est la psychologie des enfants et tout ce qui a trait à la violence des cours de récréation mais rapidement Wandel ôte le doute. Le scénario prend rapidement une tournure inversée à mi-parcours et tout ce qui a trait aux relations entre enfants évoluent assez vite et est assez complexe. Marrant de voir que le père, joué par Leklou très bon comme d'hab, ne peut parler à ses enfant qu'à travers le portail de l'école. Comme si l'école était vu comme une prison. Bref un beau premier film qui saisit bien l'ambiance des cours de récré et la violence très dure d'un âge où on peut subir beaucoup. On a souvent la gorge nouée, ça n'hésite pas à bosuculer son spectateur par moments et c'est un beau shoot d'adrénaline. Et ça ne dure que 72 minutes donc facile à caler dans l'agenda pour les curieux.
4-5/6
