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Affamés (Scott Cooper, 2021)
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Auteur:  Film Freak [ 26 Nov 2021, 23:11 ]
Sujet du message:  Affamés (Scott Cooper, 2021)

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Dans une petite ville minière de l’Oregon, une institutrice et son frère policier enquêtent sur un jeune écolier. Les secrets de ce dernier vont entraîner d’effrayantes conséquences.

Scott Cooper qui fait deux bons films de suite, je vois flou.

Adaptée d'une nouvelle et produit par Guillermo del Toro, cette première excursion de Cooper dans l'horreur garde ce qui traverse son cinéma, enfin moins anonyme, à savoir un regard désabusé sur l'Amérique d'aujourd'hui. On retrouve ici les laissés pour compte des Brasiers de la colère dans cet Oregon dévasté par les fermetures d'usines et la drogue.

Le récit convoque les mythes des natifs américains non pas par appropriation culturelle mais justement comme punition de la cupidité de ce peuple colonisateur et se sert de sa créature - un monstre é-ner-vé comme je n'en avais pas vu depuis longtemps - pour développer une métaphore réussie de l'addiction et de la maltraitance et de ses conséquences générationnelles. Et c'est fait sans aucune concession. Vraiment c'est NWAAR. Tant dans le fond que dans la forme, avec certaines images bien marquantes.

Je reprocherais juste un déroulé finalement un peu "simple", justifié par le fait que le film adopte délibérément l'aspect d'une fable, comme celles évoquées au début du film.

Auteur:  Müller [ 29 Nov 2021, 00:31 ]
Sujet du message:  Re: Affamés (Scott Cooper, 2021)

S'il y a un effet largement sousestimé du conspirationnisme US, c'est que, contrairement à sa version française, il est ancré dans la culture, explore toutes les directions possibles, ne s'interdit aucun sujet ni aucune piste et creuse parfois si profondément qu'il a donné une seconde vie à tout un folklore, notamment via la cryptozoologie : Bigfoot, Sasquatch et autres monstres, typiquement américains ou non. La pointe visible de cet iceberg, ce sont les fameux creepypasta de Reddit, ces fictions anonymes et libres de droits, néo-folklore numérique, dont un des ressorts récurrents consiste à brouiller les pistes entre fiction et réalité, et dont Nick Antosca, l'auteur adapté ici et co-scénariste, s'était déjà inspiré pour sa série Syfy Channel Zero. Et le Wendigo, ou Skinwalker, est un des monstres phares de cette sous-culture foisonnante.

J'avais tenu un épisode et demi de Channel Zero, trouvant ça mou, très long à démarrer, un peu cheapos, pas maîtrisé dans la gestion de l'angoisse. Transition ratée entre le medium de base, ces fameux forums bordéliques et suspects de Reddit, et le format série. Le design des monstres, en revanche, mérite d'être salué.

J'ai retrouvé le même problème dans Affamés, bien qu'on ne puisse pas lui reprocher d'être cheapos. Le film paraît un temps long, très long à démarrer, surtout qu'on comprend assez vite de quoi il retourne. On alterne alors entre une consolidation de l'intrigue horrifique, trop étirée pour quelque chose d'aussi simple, et du trauma porn devenu inévitable dans les films d'horreur, qui ne semblent plus exister maintenant que pour explorer au nauseam la question du stress post-traumatique. En cela, le personnage principal en quête de réparation apparaît aussi monochrome que monomaniaque. J'ai bien apprécié cependant la scène
après l'hospitalisation du petit, où le frangin lui renvoie calmement dans le couloir son égoïsme dans la gestion de sa relation "forcée" avec le gamin. La réaction venimeuse de la nana piquée à vif sonne très juste, très bien jouée, mais c'est dommage que ça ne soit pas exploré d'avantage dans la "coloration" du personnage : on tenait là une bonne occasion d'explorer la façon dont le traumatisme est parfois porté par certain(e)s, de manière très perverse, comme une médaille d'honneur, le statut de victime donnant l'illusion hautement narcissique d'avoir tous les droits, et surtout d'être un "expert" en la matière.


Le film flirte a une ou deux reprise avec cette chouette nuance, mais finit par baisser les bras au profit du climax horrifique lui aussi beaucoup trop long, et surtout convenu au-delà du pardonnable :
on a droit en tout à quatre (!!!) séquences de personnages seuls qui avancent très lentement vers des situations/bruits/odeurs hautement suspects, séquences qui aboutissent à chaque rencontre avec le monstre, sans aucune variation, sans aucun sens du dosage, sans aucune conscience de la répétition à la limite du supportable.
En 2021, c'est mort, c'est tout simplement pas correct.

Citation:
Le récit convoque les mythes des natifs américains non pas par appropriation culturelle mais justement comme punition de la cupidité de ce peuple colonisateur


Graham Grenne fait de la figuration en mode caution et sort la réplique clichée de ouf qu'on trouve dans la B.A., mais je vois pas à quel moment on peut prêter au film ce message là.
L'esprit maléfique est "en colère", certes, mais c'est surtout un prédateur qui se comporte et peut être tué comme n'importe quel gros animal, ce qui diminue son impact symbolique.
Les tensions et reproches possibles que tu évoques sont absents du film, au même titre que la communauté amérindienne. Qui plus est, le design même de la créature est issu de sa version 2.0 et des dessins horrifiques tirés des creepypasta, et n'a plus rien à voir avec le folklore d'origine.

Affamés est avant tout un exemple de transmedia typique de la culture internet U.S. post-moderne, et comme pour Channel Zero, même s'il y a un léger mieux sur le plan formel, la transition vers l'audiovisuel et le travail d'adaptation laissent à désirer. Trop d'indigence.

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