Jacques Blanchot perd tout: sa femme, son travail, son logement. Il devient peu à peu étranger au monde qui l'entoure, jusqu'à ce que le patron d'une animalerie le recueille.
Rarement eu l'impression ces dernières années de voir un film réussir autant à créér le malaise. Mais un vrai putain de malaise, le film qui dérange constamment, pousse hors de sa zone de confort, voire un peu désagréable à regarder par moments. Je comprends autant ceux qui adorent le film, que ceux qui vont le rejeter complètement et trouver ça mauvais. Du pitch étrange, on va naviguer dans un univers minimaliste assez déprimant qui ressemble à du Dupieux mais version glauque et déprimante. On pourrait même penser à du Kafka sauce moderne vu l'absurdité que déploie le film. Déprimant c'est ce qu'est la vie de Jacques. Boulot naze, fils qui se fout de lui, femme qui ne l'aime pas et le trompe avec un bel athlète, et je passe les différentes situations où Jacques se fait humilier et ne réagit pas. C'est presque du masochisme qu'on voit à l'écran et Macaigne s'éclate dans ce rôle de mec humilié. Mais rien n'est gratuit, le film décrit l'humiliation qui découle de la chute sociale. On voit assez rapidement que la vie d'humain n'est pas faite pour Jacques. Mais après l'achat d'un chien qui ressemble à Hitler selon le vendeur et qui meurt dans la minute, Jacques va rentrer dans un parcours intriguant où il est persuadé que la vie de chien est faite pour lui.
De ce postulat étrange, on peut tirer des métaphores sur la soumission et les rapports de force dans la société et se laisser porter par l'étrange parcours kafkaïen qui se déroule sous nos yeux. Comment un homme va s'épanouir en devenant un chien? Finalement, ce film c'est un peu Didier sans le PSG et sans l'humour. Version fantastique et réaliste totalement assumé, Benchetrit veut remuer le spectateur. Souvent, c'est fait de manière totalement gratos au cinéma mais là non. Il y a un vrai message sur la société d'aujourd'hui, qu'on y adhère ou pas, et surtout il y a une vraie tendresse qui éclot au bout du chemin. Mais une tendresse à la fois lumineuse et effrayante. Le regard du cinéaste sur le destin de Jacques est ambigüe et c'est ce qui fait toute la richesse de ce film étrange et assez unique. Je ne sais même pas si je conseillerais ce Chien aux fans des autres Benchetrit, tellement c'est différent de tout ce qu'il a pu faire avant. Il creuse une veine métaphysique qu'on ne voit dans aucun de ces autres oeuvres.
4/6
Un lien vers la BA qui donne une bonne idée du ton du film :https://www.youtube.com/watch?v=5u5FCtFqVj8