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The Many Saints of Newark (Alan Taylor, 2021)
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Auteur:  Müller [ 06 Nov 2021, 23:16 ]
Sujet du message:  The Many Saints of Newark (Alan Taylor, 2021)

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Préquelle de The Sopranos, plus annoncée (et retardée) que réellement attendue.

SPOILERS

Autant le dire d'emblée, on est dans le même registre que El Camino. Autrement dit, un film qui n'attirera que les spectateurs familiers du matériau d'origine, et qui prend le risque supplémentaire de les décevoir... Si tant est que les spectateurs en question en attendent quoi que ce soit.

Si on enjambe l'aspect superflu de l'entreprise, c'est très propre, visuellement. Trop, d'ailleurs (par exemple : tout le monde a des vêtements nickels tout le temps, même les enfants). On n'est donc plus du tout dans du quotidien sans fard. La construction du film le reflète d'ailleurs, ça ressemble plus à une succession de vignettes étirées, sans réelle montée en puissance ou en tension... Un côté un peu plat, narrativement, sans que ça soit pour autant dépourvu d'intéret.

Comme le titre l'indique, l'histoire suit surtout Dickie Moltisanti, père de Christopher et figure marquante de la jeunesse de Tony. Le modèle masculin, en somme, des deux personnages parmi les plus tragiques et répugnants de la série. Et ce modèle est à la hauteur du pire dont sont capables ceux qu'il hante toutes ces années après sa mort.

La plupart des acteurs sont bons, Alessandro Nivola et surtout Vera Farmiga en tête, dont l'interprétation de Livia Soprano rivalise de finesse et de monstruosité avec celle de Nancy Marchand. Jon Bernthal lutte surtout avec l'accent du New Jersey, qui lui échappe dans 95% de ses répliques, même s'il fait bien le gros con. Corey Stoll rencontre le même problème d'interprétation phonétique mais manque en revanche du punch nécessaire pour proposer une interprétation convaincante de Junior (au mieux ils ont la même calvitie). C'est amusant de voir les versions jeunes de Silvio, Paulie et Pussy. Ray Liotta est impeccable, mais son visage à la fois surlifté et abîmé sort de l'ambiance 60's/70's qui souffre déjà du traitement "téléfilm de luxe". Les clins d'oeil (visuels, répliques) à la série sont plutôt appuyés, les plus prévisibles sont évidemment gênants comme ceux de Schwarzenegger dans The Expendables.

Le traitement des émeutes raciales est un passage obligé depuis le clivant Watchmen et l'épouvantable Lovecraft Country, et c'est moyennement réussi, ici. C'est vite écrasant sans donner l'impression d'aller où que ce soit, puis ça finit par disparaître pour laisser le personnage d'Harold seul avec son complice et ses ambitions, qui se résument à échapper de justesse à la vengeance de Dickie, se lancer dans le marché de l'héroïne et faire chier son voisin blanc en emménageant à la fin dans un quartier pas fait pour lui... ce qui peut se comprendre, donc allez savoir ce qui essayait d'être dit. On dirait que ça essaye d'être woke en levant le pied sur les injures racistes, quitte à donner l'impression que la sous-culture italo-américaine de la fin des années 60 était moins raciste que celle des années 90/2000, et en même temps il y a ce lien pas très flatteur qui est fait, et qui est d'autant plus troublant qu'il n'est ni exploité, ni exploré, entre soulèvement populaire de la communauté noire et essor de la prédation urbaine via le traffic de drogue.

Pour ce qui est du positif : la narration par Christopher, qui confirme les penchants surnaturels de la série, l'ambiance générale faite d'une cruauté sourde, étouffante, qui montre bien d'où viennent les personnages depuis leur plus tendre enfance et à quel point ils partaient perdants, déjà défigurés par la corruption ambiante.

Mais enfin, tout ça n'était pas franchement nécessaire.

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