J'aime énormément les deux précédents courts de Emmanuel Marre, Le film de l'été, balade estivale dépressive bouleversante entre airs d'autoroute et boites de nuit ringardes avec le génial Jean-Benoît Ugeux (je comprends pas qu'il explose pas plus) et D'un château l'autre, brillant récit naturaliste d'un étudiant là encore bien seul et dépressif qui loge chez une vieille dame (la grand-mère du réal) à Paris pendant l'élection présidentielle de 2017. Du coup j'avais pas mal d'attente pour son premier long qui semblait épouser la même route, celle d'un personnage terriblement seul qui cherche une porte de sortie.
Du coup un peu déçu par ce premier long qui en effet sur le papier est assez similaire aux deux films précédents mais qui ne parvient pas à émouvoir autant. En fait la plus grande qualité du film est aussi sa plus grande faiblesse, c'est l'humilité. Sur le papier tu penses pouvoir imaginer le film que ça va être. Une hôtesse de l'air d'une compagnie low cost qui se perd entre soirées trop arrosées et coups d'un soir. Tu sens que c'est le terrain propice pour explorer une trajectoire autodestructrice violente et très sombre. Mais en fait pas du tout.
C'est ce que j'ai aimé dans le film. Les fêtes et les rencontres faites par Cassandre ne sont pas présentées comme foncièrement négatives, au contraire, elle s'amuse, elle fait des rencontres brèves mais chaleureuses et elle semble s'épanouir plus ou moins dans cette vie sans attache qui est une espèce de concentré de jeunesse très crédible. On apprend assez tôt son "drame"
Dans la vision de son métier d'hôtesse pour compagnie low cost on aurait là aussi pu s'attendre à une espèce de satire de ces voyages pas chers où le but est surtout de nous vendre des boissons et des parfums mais le film ne s'y appesantit pas vraiment. C'est juste posé là, on est pas chez Stéphane Brizé. Il y a bien une certaine absurdité quand Cassandre passe un entretien d'embauches pour travailler à Dubaï dans une compagnie de jets privés mais les auteurs ne raillent pas les ambitions du personnage, son envie d'une autre vie.
Il faut attendre le dernier acte pour que le film se fasse plus intime, lorsqu'elle retourne dans sa famille. Et là encore, point de dramas ou de discussions cathartiques, juste des moments simples et touchants (excellent acteur qui joue le père) d'un naturel désarmant où implicitement plane le drame de cette famille
4/6
