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Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)
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Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 05 Oct 2021, 18:09 ]
Sujet du message:  Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

INFINITELY POLAR BEAR meets un Catherine Corsini

Le rôle est un vrai cadeau pour Damien Bonnard (avec sa tête en mode biopic de Jiko). Imprévisible et libre, il s'en donne à cœur joie. Au début ça fait plaisir, et très vite, comme Leïla Bekhti, il finit par nous gaver. De ce point de vue, c'est réussi, surtout que le film est riche en petits moments parfaitement saisis ou observés. D'ailleurs kudos au producteur Alexandre Gavras, excellent dans un second rôle. (le producteur qui veut économiser quelques cachets, tu crois qu'on t'as pas vu ?)

Cependant, malgré la folie du personnage principal, le film s'applique à rester refréné, tempéré et plat. C'est vraiment ce "cinéma du panoramique" dans lequel je ne me reconnais pas du tout, un ciné sensible mais sans fièvre, toujours un poil à distance. Ce genre de films avec trois décors différents mais t'as l'impression que c'est toujours le même.

A la fin, il y a pourtant quelques moments qui re-font mouche, comme par exemple la blague du fils. Mais même la jolie réplique de Damien
"Je te promet de faire attention, mais je te promet pas de guérir"
n'a pas l'impact désiré car dans la scène juste avant, Bekhti a dit exactement la même chose ! Le dernier plan par contre est bien.

Auteur:  Karloff [ 06 Oct 2021, 11:41 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

Le meilleur film de Joachim Lafosse à ce jour. Une histoire d'amour perturbé par la bipolarité du personnage principal. C'est magnifiquement joué, intense, humain et surtout sans aucun manichéisme et sur-dramatisation.

4-5/6

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 06 Oct 2021, 12:00 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

Karloff a écrit:
Le meilleur film de Joachim Lafosse à ce jour.
Pouah ! Film tellement en dessous de L'ECONOMIE DU COUPLE.

Auteur:  Karloff [ 06 Oct 2021, 18:31 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

que je n'ai pas vu, haha

#imposteur

Auteur:  Abyssin [ 11 Oct 2021, 11:23 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

Karloff a écrit:
Le meilleur film de Joachim Lafosse à ce jour. Une histoire d'amour perturbé par la bipolarité du personnage principal. C'est magnifiquement joué, intense, humain et surtout sans aucun manichéisme et sur-dramatisation.

4-5/6
Team Karloff, La première demi-heure est tout bonnement magistral. L'impression d'une famille heureuse où une menace invisible se cache et est sur le point d'exploser. J'aime beaucoup la rigueur et la subtilité de Lafosse pour gérer cette descente aux enfers progressive et la fin est très belle. Damien Bonnard est génial mais ça serait injuste de ne pas évoquer Leïla Bekhti, bouleversante et dans son meilleur rôle.


Qui-Gon Jinn a écrit:
le film s'applique à rester refréné, tempéré et plat. C'est vraiment ce "cinéma du panoramique" dans
Les goûts et les couleurs, mais qu'est-ce que tu veux dire par "plat"? C'est le dernier adjectif que j'utiliserais pour qualifier le film. Après oui il y a une petite répétitivité dans le film mais qui est totalement justifié par cette spirale de folie sans fin. Perso, j'ai trouvé ça sublime et regret que le film n'ai pas eu une petite place au palmarès cannois.

5/6

Auteur:  Lohmann [ 11 Oct 2021, 12:42 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

Abyssin a écrit:
Perso, j'ai trouvé ça sublime et regret que le film n'ai pas eu une petite place au palmarès cannois.

Le palmarès est déjà suffisamment douteux ça n'était pas la peine d'en rajouter. Après oui la qualité (la seule en fait) du film, c'est qu'il y a une certaine retenue dans ce qu'il nous montre du personnage de Damien Bonnard. Mais c'est aussi son principal défaut. On nous montre à voir le cyclothimique, pour mieux nous faire ressentir ce que son épouse a à endurer. Parce qu'au final tout le film est vu par son prisme à elle. Lui, Lafosse est incapable de le comprendre véritablement. Et pour moi ça n'est pas suffisant pour en faire un film intéressant, et m'a rendu Bekhti de plus en plus insupportable au fur et à mesure du film (probablement à l'inverse de ceux qui ont adhéré à son point de vue et qui ont partagé son épuisement face aux gesticulations de Bonnard).

Auteur:  Abyssin [ 11 Oct 2021, 13:15 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

Lohmann a écrit:
Le palmarès est déjà suffisamment douteux ça n'était pas la peine d'en rajouter.

Disons qu'il n'y avait pas forcément un film qui se détachait plus qu'un autre durant le festival. Si tu écoutes les festivaliers cette année, pas de film qui fasse l'unanimité et s'impose comme le favori, pas de coup d'éclats. Je n'ai pas vu Nitram mais le prix d'interprétation pour Damien Bonnard n'aurait pas été un scandale non plus.

Lohmann a écrit:
(probablement à l'inverse de ceux qui ont adhéré à son point de vue et qui ont partagé son épuisement face aux gesticulations de Bonnard).
Je confirme. :wink:

Auteur:  jiko [ 12 Oct 2021, 11:58 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

Qui-Gon Jinn a écrit:
Le rôle est un vrai cadeau pour Damien Bonnard (avec sa tête en mode biopic de Jiko).

Qui-Gon Jinn dans le topic du film La Plateforme a écrit:
Et enfin Jiko est excellent dans le rôle principal.


Ça plus à chaque fois que Radu Mihaileanu fait un film, en fait tu penses à moi dès que tu croises un frisé ?

Auteur:  Arnotte [ 12 Oct 2021, 14:41 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

Je suis avec Karloff et Abyssin, j'ai trouvé ça fort.
Ya pas vraiment de scénar, c'est une plongée dans le quotidien de cette famille, vampirisée par la maladie du père. Avec cette hallucinante plongée... puis l'accalmie. Et cette (fausse) fin, lucide, terrible.
J'ai vraiment aimé l'approche "physique", "matérielle" de cette épreuve. L'épreuve est psychique mais physique avant tout. Je trouve ça fort que la maladie mentale de Damien se traduise par des gestes, une physicalité qui écrase tout sur son passsage. Passionnant aussi le lien avec sa création artistique, comme si ce besoin de créer n'était que l'expression la plus belle de son désespoir. Bref.
Les acteurs sont incroyables (même le gosse), hyper investis. On peut penser ce qu'on veut de Lafosse mais il arrive toujours à tirer le meilleur de ses comédiens. Bonnard méritait le prix d'interprétation. Bekhti c'était foutu puisque son amir faisait partie du jury (quelle connerie ça, putain..).

Certainement l'un des meilleurs Lafosse. (avec Nue Proriété, A perdre la raison et L'Economie du Couple)

4,5/6

Et l'affiche est super belle.

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 14 Oct 2021, 22:00 ]
Sujet du message:  Re: Les Intranquilles (Joachim Lafosse - 2021)

J'ai vraiment été gêné par le film, et ai quitté la salle avant la fin, à la scène de la voiture . Dans cette scène de prise d'otage l'enfant putativement parricidé devient de manière trop forcée le representant du spectateur dans la fiction, pour paraphraser Freud - la définition de la pulsion selon celui-ci devient directement dans le film le processus d'identification des personnages

D'une part narrativement, et comme dans un film d'horreur finalement, on est en permanence dans la caractérisation, avec un décor lourdement signifiants (les vagues en montagnes russes, le mariage infernal de la cocotte-minute et du frigo dans la cuisine etc..), et ce n'est pas très intéressant (un peu comme chez Amalric, qui dépeint à la fois le même milieu artistique, le même rapport filial potentiellement parricide, et la même province, vue comme un havre désincarné. Amalric donne quand-même un passé, mais pas d'avenir à ses personnages, ici c'est plutôt l'inverse, il faut choisir, c'est fromage ou dessert).

D'autre part, ayant des proches schizophrènes, pour lesquels la prise de médicament est un enjeu (mais pas le seul), j'ai trouvé le film très ostentatoire, au point de réduire la maladie à un concept, une performance voyeuriste, présentant le malade comme une bête de cirque égocentrique et dangereuse pour lequel l'entourage se sacrifie (deux spectacles qui se compensent). La réalité est plus complexe et nuancée et le statut d'artiste des personnages principaux me paraît former un biais par lequel faire survivre un imaginaire périmé (l'égoïsme du génie, en lien avec un espace pur, contre le lien affectif de ses proches qui est déjà une norme et un carcan).

Au fond, le personnage de Mastroianni dans Vertiges
pourtant déjà caricatural, est plus sensible et intéressant, en acceptant l'idée que ce martyre de la compassion soit une peur du même projetée puis déniée (même s'il n'y a plus d'enjeu dans
ce film non plus après ce constat)

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