Alors qu'il pense passer une journée paisible et ordinaire, un vieil homme se rend dans un parc d'attractions pour y découvrir un véritable cauchemar.
Inédit de Romero, retrouvé et restauré par sa fondation après son décès, cet Amusement Park est une vraie réussite. Du pur Romero dans le style mais original dans le fait qu'il s'agisse d'une oeuvre de commande d'une association protestante qui lui a demandé d'illustrer les naufrages de la vieillesse. Au vu du résultat, on ne doute pas que les protestants ont dû être un peu déstabilisés par le résultat sensoriel et psychédélique.
L'idée excellente de Romero, et qui tient tout le métrage (53 minutes), est d'illustrer par une sortie au parc d'attraction combien une épreuve quelconque de la vie quotidienne peut être un calvaire. S'en suit un enfilage de scènes qui amplifie chaque moment de manière sensorielle. Jamais le message n'est surligné, Romero aborde la vieillesse comme un vrai film d'horreur. C'est à la fois ludique mais avec une pointe de malaise. L'immersion du spectateur est réussie et Romero ne cède jamais à la facilité. Il transcende son sujet par la transformation métaphorique ou surréaliste de certaines attractions et il n'hésite pas à agrémenter certaines péripéties d'humour. Mention pour l'accident d'autotamponneuses, première grande scène du film.
Ce qui frappe aussi, c'est comment Romero s'est amusé dans sa conception du film. Il expérimente sur son montage et filme avec un oeil rieur ces métaphores de la vieillesse. L'équilibre du film tient grâce à cet humour jaune qui ne fait que renforcer le malaise de la vieillesse. Par contre, il a du galérer pour la direction d'acteurs, qui sont uniquement des bénévoles de maisons de retraite, mais c'est impeccable à l'écran.
Bref, c'est un très bon cru de Romero qui vaut beaucoup plus que le statut de curiosité qu'on peut lui coller. Ce qui est rigolo c'est de voir comment le grand cinéaste a transformé un film institutionnel lambda en pur film de zombies.
4,5/6