Au cœur de New York, le quartier de Washington Heights est celui de tous les possibles. Usnavi, propriétaire d’une épicerie dans le quartier, rêve de renouer avec ses origines, en République Dominicaine. Mais tout se complique quand il croise le regard de Vanessa, une jeune femme qui rêve de devenir styliste. Leur rencontre, sur fond de danse et de musique, va chambouler leur vie de manière inattendue.
Quand s'est terminée la première chanson, qui présente un par un les différents personnages de cette comédie musicale chorale en mélangeant déjà les mélodies, et que le titre est enfin apparu, tonitruant, comme pour les Disney de la grande époque, j'ai eu envie d'applaudir. C'est ce genre de film. Le genre de film qui semble avoir déjà son storytelling tout tracé au vu du contexte actuel : quel meilleur candidat pour fédérer les spectateurs dans les salles fraîchement rouvertes que ce spectacle à la liesse contagieuse?
Je sais ce que vous vous dites, petits français. Je sens déjà les mauvaises ondes des réfractaires aux genres, j'entends déjà les mauvaises langues prêtes à baver sur le CV du réalisateur, et j'entends, sincèrement, les potentielles craintes que certains pourraient face à ce qui semble justement être des bons sentiments en préfabriqués comme peuvent en témoigner le synopsis, l'affiche ou le titre français.
On va pas se mentir, si ce n'était adapté du premier musical de Lin-Manuel Miranda (Vaiana, Hamilton), j'aurais pu avoir la même méfiance. Mais justement, c'est Miranda. Quant à Jon Chu, il est pour le coup davantage dans son registre de prédilection (Sexy Dance 2 & 3 qui ont plutôt bonne réputation dans leur genre) que sur ses excursions hors de sa zone de confort (G.I. Joe : Conspiration, Insaisissables 2).
Ensemble, ils signent un film solaire, où tous les clichés et le sentimentalisme sont justifiés par la sincérité de l'expérience.
Pendant lumineux du phénomène Hamilton, qui était une réinterprétation pop et dramatique de l'Histoire américaine en un Amadeus-like hip-hop, D'où l'on vient demeure une célébration de la culture hispanique et, une fois de plus, de l'immigration. Si le livret n'a évidemment pas la même portée ici que pour le chef-d’œuvre lauréat du Prix Pulitzer susmentionné, la question est bien là, traitée ici avec plus de légèreté, comme pour le récit, portrait d'un quartier, avec ses personnages mais surtout ses personnalités, des archétypes mais tous relativement attachants, et ses arènes, autant de commerces de service où œuvrent les minorités, du salon de manucure à l'épicerie. La peinture de ce type de microcosme est généralement l'apanage du cinéma indépendant new-yorkais et voir la comédie musicale se l'approprier avec panache apporte un vent de fraîcheur en plus de rendre plus expressionniste l'amour et l'authenticité avec lesquels ce petit monde est croqué. L'énergie qui se dégage du mariage entre hip hop et salsa est communicative au point de donner parfois des frissons.
Donnez au moins une chance à la bande-annonce. Si ça vous chauffe, allez-y, vous le regretterez pas.
