Forum de FilmDeCulte
https://forum.plan-sequence.com/

Le Monte-Charge (Marcel Bluwal, 1962)
https://forum.plan-sequence.com/monte-charge-marcel-bluwal-1962-t30958.html
Page 1 sur 1

Auteur:  bmntmp [ 24 Jan 2021, 01:20 ]
Sujet du message:  Le Monte-Charge (Marcel Bluwal, 1962)

Image

-Vous êtes dans quoi vous ?
- J'étais en Algérie.
- Ah oui. Et vous êtes revenu.


Quatre ans après Ascenseur pour l'échafadaud, Le Monte-Charge peut passer, au premier abord, pour une blague ou une contrefaçon.
Il s'avère que l'objectif atteint était de surpasser le film de Malle. Pas de bo de Miles Davis pour distraire et conférer, de manière un peu facile quoique mérité, un statut mythique au film mais un thème discret de Delerue qui ne retentit qu'à deux reprises je crois et dont le lyrisme annonce les partitions plus emphatiques mais similairement "existentielles" de Michael Nyman. Frédéric Dard adapte son propre roman : connu pour la faconde des San Antonio, il témoigne ailleurs, et ici en particulier d'un laconisme tout à fait admirable et d'une écriture qui se prête idéalement à la transposition sur écran. La mise en scène de Marcel Bluwal, qui a essentiellement fait carrière à la télévision, en adaptant bon nombre d'oeuvres littéraires de prestige (Les Frères Karamazov avec feux Michael Lonsdale et Pierre Brasseur par exemple mais aussi le journal de Samuel Pepys), seconde parfaitement le scénario : on est pas dans la qualité française mais dans une espèce de classicisme à la fois sec et suggestif qui invite à la fantasmagorie. Découpage parfait, chaque plan est à sa place, tout fait mériter au film le titre de chef d'oeuvre, fût-il mineur, du film noir. Il y a un twist assez hallucinant qu'on ne révélera pas, à l'inverse d'un internaute imbécile sur allocine - qui en dit à la fois trop et pas assez. Pour une fois, le suspense ne paraît pas artificiel mais se transmet de manière panique au spectateur, suintant de cette angoisse qui fait de Dard l'héritier un peu caché de Simenon. L'intrigue est ressassante, revient d'un endroit à un autre au cours d'une nuit de Noël, faisant pause dans des bistrots ou à la messe de Minuit, passant et repassant sur le pont d'Asnière de façon quasi-obsédante. La tête de Robert Hossein ne nous revient pas au premier abord mais le mélange d'intensité et de candeur dont il fait preuve convient également à merveille au film.

Auteur:  Lohmann [ 26 Jan 2021, 12:17 ]
Sujet du message:  Re: Le Monte-Charge (Marcel Bluwal, 1962)

Tu l’as vu en compagnie de Skip McCoy?

Auteur:  bmntmp [ 26 Jan 2021, 13:54 ]
Sujet du message:  Re: Le Monte-Charge (Marcel Bluwal, 1962)

J'imagine que le film traînait dans sa pile et que mon post le lui a rappelé à son souvenir.
Sinon pour le film, une caractéristique du film à twist ou d'enquête est que le film se reconsidère à la lumière du twist, faisant apparaître de manière rétrospective les indices qui avaient été égrenés pendant le déroulement de l'intrigue. Il arrive que ce soit lourd ou gadget, ici, c'est fait de manière particulièrement subtile et limpide. Notamment en qui concerne les atermoiements du personnage joué par Massari qui sont provisoirement réglés de manière trompeuse par

le baiser passionné dans le monte-charge, dont la signification réelle nous sera donnée plus tard.


Peut-être que le film fournit ce surcroît de signification qui en fait davantage qu'un simple exercice de style. Il arrive très bien, par à coups, à jeter une lumière nouvelle sur des scènes dont la signification nous était en partie cachée, comme cette scène inaugurale de retour chez soi - alors qu'on ignore que
sept années en détention viennent de s'écouler et que c'est l'appartement d'une morte, laissé tel quel, que visite le protagoniste.

Page 1 sur 1 Heures au format UTC + 1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
http://www.phpbb.com/