Avec comme toile de fond, le confinement mondial afin d'enrayer la propagation de l'épidémie de coronavirus. Linda et Paxton décident de monter un braquage dans une des bijouteries les plus luxueuses de Londres.
L'annonce du projet, la bande-annonce du film et ce synopsis AlloCiné vendent le film comme un heist movie alors que le vol en question occupe uniquement la dernière vingtaine de minutes du film. Ce pourrait être le cas dans un véritable heist movie mais ce serait alors le climax d'un récit focalisé sur la méticuleuse préparation dudit coup, de l'embauche des participants à l'étude de la réalisation du larcin. Or, il n'y a rien de tout ça dans Locked Down qui se révèle assez vite être en réalité une comédie dramatique pure (le cliché du "drame dans un deux pièces-cuisine" n'a jamais été aussi approprié qu'à un film exploitant notre triste actualité) unissant le Doug Liman de Swingers et le Steven Knight de Locke, quand ces auteurs respectifs étaient particulièrement intéressés par le réel et l'humain, pour une étude de personnages dont le titre renvoie autant au confinement qu'à la crise de la quarantaine (une crise de la quarantaine en somme, lol) et à l'engagement dans le couple. Quand on sent qu'on est coincé dans une certaine vie, mais aussi qu'on est maqué...à vie?
Et tout compte fait, ce qu'il y a de plus surprenant n'est pas tant que le film ne s'inscrit pas dans le genre attendu ou que Liman revienne à un registre qu'il avait délaissé depuis son deuxième long métrage, mais que ce soit aussi réussi, du moins dans un premier temps.
La caractérisation et les dialogues impeccables de Knight offrent à Chiwetel Ejiofor, presque à contre-emploi, et Anne Hathaway, davantage dans sa comfort zone, de livrer des prestations truculentes et la mise en scène de Liman, avec son filmage à l'épaule habituel mais également une direction photo beaucoup plus "naturaliste" qu'à l'accoutumée, ancre tout ça dans un réel londonien parlant.
Par conséquent, la démarche en apparence opportuniste face à laquelle on était déjà prêts à rouler des yeux est transcendée par la pertinence du témoignage. Pendant toute la première heure, on est face à une chronique allenienne d'une époque et d'une implosion de couple en "temps réel". Il est donc regrettable que, petit à petit, la seconde se fasse plus conventionnelle. En fait, une fois que l'idée du fameux heist a germé, le récit se trouve une direction et se fait par la même occasion plus convenu, s'inscrivant dans le cheminement tracé vers les résolutions attendues.
Malgré tout, ça reste un exemple réjouissant de la versatilité du réalisateur, dont on verra également le tant repoussé et reshooté film de SF Chaos Walking cette année et qui va enchaîner ce film écrit durant le confinement et tourné en 18 jours en grande partie dans un appartement avec...un film tourné sur la Lune avec Tom Cruise.