J'avais eu la chance de le découvrir sur grand écran il y a plus de 15 ans à l'Etrange Festival, alors qu'inexplicablement, il n'avait pas eu droit à une sortie ciné.
Et j'ai toujours eu envie de le revoir.
Et donc ouais, ça a bien vieilli. Si je trouve toujours les couleurs aussi ternes, je reste fan de pas mal de choix étranges et improbables que Kon impose, comme ce désir de mélanger un monde à la réalité cinglante (la pauvreté, la violence, le froid) et ses délires cartoonesques et grotesques, ses déformations comiques, et ses péripéties bigger than life.
C'est bien sûr un film sur les marginaux, et 17 ans plus tard, ce regard doux et pourtant cru sur le monde de la rue reste encore une rareté dans un paysage cinématographique qui met trop rarement son nez dans les poubelles (les vraies, pas celles, métaphoriques, de la bourgeoisie).
J'aime aussi ce scénario improbable, qui prend le parti de se foutre complètement du réalisme, et de faire sienne l'idée de progresser par une succession de coïncidences improbables : moins que l'enquête que promet le pitch, finalement, le film se construit sur des happenings de plus en plus incongrus et sur un chapelet de rencontres impossibles dans une ville de la taille de Tokyo. On est donc sur un équilibre précaire entre comédie, fable, et chronique sociale, mais finalement, ça tient le coup, tant le parti pris est assumé à fond.
On regrettera quand même que le film soit parfois assommant dans ses dialogues, mais dans l'ensemble, c'est très réussi. Kon est vraiment une voix qui manque aujourd'hui.
4,5/6