Accompagnée de Sakuko, sa nièce, qui prépare son entrée à l’université, Mikie est de retour dans son village natal pour mener à bien la traduction d’un roman indonésien. La langueur estivale de la campagne japonaise est l’occasion pour Mikie, de renouer avec Ukichi, un ancien amant, gérant d’un love hôtel clandestin et pour Sakuko de se rapprocher du timide Takashi, réfugié de Fukushima. L’ambition studieuse de cet été cède peu à peu la place à une rocambolesque ronde affective où la délicatesse et le burlesque ne masquent jamais tout à fait la dureté du Japon contemporain.
Premier film de Fukada qui me convainc vraiment, mais qui tranche aussi nettement avec la suite de sa filmographie. On est ici dans une veine à la Rohmer qu'il n'a clairement pas poursuivi par la suite, ce que l'on peut regretter, tant il semble à la fois y maîtriser structure et ton. Chronique d'un été où l'innocence et l'idéalisme amoureux de la jeunesse sont confrontés aux compromissions de l'âge adulte, entre amour perdu pour cause de stérilité et cocufiage éhonté, l'ensemble gravitant autour du Love Hotel d'Ukichi (idée vraiment génial que l'existence de cet hôtel, que les voisins veulent faire fermer, où vient un potentat local pour se taper de jeunes écolières sur un même morceau de musique, symbole de l'amour perdu qu'Ukichi est venu y enterré). Fukada oscille (souvent au sein d'une même scène) avec précision et humour entre légèreté et gravité, comme ce rencart amoureux qui se transforme en témoignage maladroit sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima, ou ce dîner entre amis où la mise à jour de la fausseté du professeur se conclue d'une magistrale claque dans la gueule, comme une critique des dévoiements des idéaux de la jeunesse par des figures d'autorités qui n'assument pas totalement les responsabilités de leur statut. Une belle réussite que j'espère un jour voir Fukuda rééditer, à laquelle s'ajoute la découverte d'une actrice (Fumi Nikaido), aussi charmante que juste dans son rôle d'observatrice privilégiée.