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The Gambler (Karel Reisz, 1974)
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Auteur:  Art Core [ 16 Nov 2020, 11:32 ]
Sujet du message:  The Gambler (Karel Reisz, 1974)

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Un peu déçu par ce film qui ne m'a pas semblé totalement à la hauteur de sa réputation même si ça reste tout à fait solide et recommendable. En fait ce que je pensais être une espèce de descente aux enfers nerveuse et désespérée dans le cercle vicieux de l'addiction aux jeux d'argent m'a plutôt surpris par son approche paradoxalement assez désinvolte et relax avec ce personnage pourtant dans la merde absolue dès la première minute du film (le film a la bonne idée de commencer alors qu'il doit déjà 44 000$) mais qui ne semble jamais véritablement s'en inquiéter.

Ça crée un film au rythme un peu étrange, où pèse sans cesse la menace d'une grande violence qui n'arrive jamais vraiment. Il y a une scène géniale vers le début avec Burt Young qui joue un collecteur de dettes qui vient mettre un appartement sans dessus dessous et tu penses que le film va aller vers ce côté mafieux mais pas vraiment, on reste toujours à distance, à côté de ce personnage assez impénétrable de joueur compulsif qui de l'extérieur n'a jamais l'air de perdre son sang froid. Et les séquences de jeu sont finalement assez rares et pas du tout mises en scène sur le mode de la compulsion ou de l'addiction. Je crois que c'est Lohmann qui me disait que ce film représentait mieux le sujet que La baie des anges de Demy et je suis pas du tout d'accord, bien au contraire même. J'ai lu il y a pas longtemps 24h de la vie d'une femme de Zweig, qui est un modèle également sur le sujet, et là on ne retrouve pas du tout ça, le corps pris tout entier par la folie du jeu, la présence de l'excitation extrême mêlée à un désespoir absolu etc... Ici c'est assez différent, le personnage à des coups de folie de jeu mais toujours avec un air détaché et sans qu'on le sente vraiment au bord du gouffre. C'est aussi ce qui fait la singularité du film, ce personnage toujours cool alors qu'autour de lui tout se resserre terriblement.

Ça reste un bon film, voire un très bon film. J'adore cette ambiance urbaine années 70, James Caan est impérial dans le rôle et le film est souvent assez surprenant comme au début lorsque le perso se dit "foutu pour foutu" fait un pari débile avec des joueurs de basket de rue ou la fin très étonnante, très sèche qui donne au film une espèce de note finale assez désespérée
le personnage ayant eu besoin de se mettre en danger physiquement pour se sentir exister, exhibant sa blessure comme un trophée
Dans le montage aussi, on sent une tentative de rentrer dans la tête du personnage qui ressasse des moments où les choses dérapent.

Mais finalement le film rappelle beaucoup Uncut Gems pour son sujet similaire et avec un peu la même structure de fuite en avant vers l’anéantissement d'un personnage ruiné d'emblée et pour le coup, le film des Safdie incarne vraiment cette fièvre, cette énergie du désespoir et je crois que cette approche me parle plus même si une fois de plus le film de Reisz est tout à fait recommandable.

4.5/6

Auteur:  Castorp [ 16 Nov 2020, 11:35 ]
Sujet du message:  Re: The Gambler (Karel Reisz, 1974)

J'ai découvert Isadora du même Reisz cette année, et j'ai beaucoup aimé.
Du coup, ta chouette critique me donne envie de tenter celui-ci.

Auteur:  Lohmann [ 16 Nov 2020, 14:13 ]
Sujet du message:  Re: The Gambler (Karel Reisz, 1974)

Je préfère cette affiche là

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Art Core a écrit:
[Et les séquences de jeu sont finalement assez rares et pas du tout mises en scène sur le mode de la compulsion ou de l'addiction. Je crois que c'est Lohmann qui me disait que ce film représentait mieux le sujet que La baie des anges de Demy et je suis pas du tout d'accord, bien au contraire même.

Je confirme. Je comprends que l'image du joueur addictif que dresse Reisz puisse être déroutante, mais elle est tout à fait juste. L'une de ses caractéristiques principales est d'être dans le déni, il réussira toujours à se refaire, comme il trouvera toujours une source financière pour assouvir son addiction. Et il ne faut pas croire que cela se retranscrit d'une manière particulièrement forte vue de l'extérieur, c'est très intériorisé, et je ne doute pas que l'on puisse mieux le ressentir en lisant un livre plutôt qu'en regardant un film. C'est ce que j'ai tout particulièrement apprécié chez Reisz, qu'il ne donne pas au spectateur lambda (dans le sens d'un spectateur qui ne connaitrait pas l'enfer du jeu de l'intérieur) ce à quoi il s'attend, le mec en sueur quand il pose ses jetons ou que sais-je encore, c'est au contraire tout à l'économie, et Caan est vraiment parfait dans ce rôle là.

En tout cas ça me donne encore plus envie de voir Uncut Gems.

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