Un homme part chasser dans une forêt qu'il croyait connaître, mais son chien s'enfuit puis son fusil disparaît. Alors qu'il se perd, une atmosphère hostile et étrange s'installe, le précipitant dans une forêt labyrinthique et le condamnant à une errance aux allures de purgatoire sans fin.
Guillaume Nicloux fait donc son Gerry version balade dans les bois avec un Depardieu chasseur. Sorti directement en e-cinema, malgré sa présence à Berlin, c'est assez inexplicable que le film ne soit pas sorti en salles, même dans un circuit restreint. Car on est ici dans la meilleure veine de Nicloux, celle radicale, et comme dans Les confins du monde le côté sensoriel et envoûtant qu'arrive à créer le cinéaste à l'écran est remarquable. Nicloux avoue avoir eu l'idée de faire ce film après un rêve et il y a un peu de ça à l'écran, les frontières entre rêves et réalités sont assez opaques et c'est un film où il faut vraiment s'abandonner et se laisser guider par l'étrangeté présente à l'écran.
Et comme guide, on a un Depardieu qui est ici royal. Cette présence à l'écran, cette fragilité qu'il arrive à communiquer au spectateur, l'acteur est impressionnant dans son jeu tout en finesse. Il y a aussi l'apparition de Swann Arlaud en mec chelou un peu psychopathe ou celle d'Audrey Bonnet qui complètent bien le casting. Le film est une ballade courte (75 minutes) qui a pas mal divisé la presse, qui va laisser des spectateurs au bord de la route, mais si on rentre dedans, la manière dont Nicloux évoque la vieillesse et sa solitude est assez troublante. Jusqu'à cette pre-scène finale surprenante par sa violence.
C'est pas mon Nicloux préféré mais vraiment une belle découverte.
4/6