Film qui n'intéressera personne ici à l'exception peut-être de Gontrand, et encore... Je le sais sensible à des détails biographiques, et la vie de Papatakis semble avoir été particulièrement romanesque. Né en Ethiopie, qu'il fuit lors de l'invasion italienne, il frayera avec Sartre ou Genet (dont il produira Un chant d'amour je crois avant Shadows de Cassavetes), épousera Anouk Aimé, etc. C'est de lui que Nico, la chanteuse, avec qui il fut à la colle, tire son surnom. Allez voir sur Wikipédia ou les nécrologies qui lui ont été consacrées. Dans Libération, et pour hameçonner définitivement Gontrand :
Citation:
En 1975, son film brûlot, Gloria Mundi, qui évoque la torture en Algérie, est tout de suite retiré de l’affiche à la suite d’un attentat à la bombe au cinéma Marbeuf.
Pour l'anecdote également, Arnaud Desplechin est co-crédité à la photo - qui est très belle, dans le style de celle de Péril en la demeure de Deville.
Avec une biographie pareille, et après vision du film, je suis étonné que son oeuvre soit autant tombée dans l'oubli. Drame de l'immigration qui tient au départ du fait divers pour atteindre, conformément au cliché, à la dimension d'une tragédie - grecque bien entendu, le film explore la relation de deux immigrés grecs à Paris, à l'époque de la dictature militaire. Un jeune homme, Ilyas, brimé à l'armée parce que son père, décédé quand il avait trois ans, était communiste, s'installe chez un fourreur illettré dans l'espoir du trouver du travail. Problème : celui-ci s'est épris de sa soeur dont Ilyas, sans penser à mal au début, a inventé l'existence. C'est une sorte d'allégorie des relations de pouvoir riche et ambigüe, de la dictature et des mensonges dont elle use, des illusions qui y sont bercées, et du mal-être qui se trouve à sa source et à sa conclusion. Le film s'achève sur une morale énigmatique énoncée par le protagoniste principal qui bien sûr ne le circonscrit pas.