Ça fait près de dix ans que je repousse la vision du film, soupçonnant une purge maniériste à la direction artistique soignée à l'excès mais pas beaucoup plus. Finalement, Szindbád correspond à mes attentes. Le terme "proustien" lui est appliqué un peu facilement dans les avis qui lui sont consacrés parce qu'il s'agit des réminiscences d'un Casanova moribond qui revisite ses amours passées. Il y a plus quelque chose de mozartien, un ton quasi-primesautier qui cache une certaine gravité, mais je ne pousserais pas plus loin cette analogie elle-aussi un peu décorative. Les dialogues sont d'un romantisme d'un autre temps, où la lune, les étoiles jouent les premiers rôles mais l'essentiel de la narration consiste en la voix off, assez fatigante malgré une voix et le hongrois qui sont assez envoûtants. Autre passage obligé des avis sur le film : les remarques sur le raffinement de la mise en scène, qui alterne entre plans microscopiques, inserts quasi subliminaux et tableaux champêtres ou intérieurs chargés de lourdes tentures et richement décorés. Formellement c'est intéressant, à deux doigts du cinéma expérimental à la Brakhage mais comme c'est essentiellement décoratif, ça s'arrête là. Je serais curieux de savoir quels sont les charmants petits villages où le film a été tourné. Les recherches sur internet ne donnent rien mais le film semble avoir été tourné, si j'en crois un internaute, en Slovaquie, pays moins coûteux que la Hongrie à l'époque.
Amusant que le film ait été un succès à l'ère communiste d'ailleurs, même si on peut le voir comme une critique de l'aristocratie décadente, le film est plein d'une espèce de nostalgie pour cette époque en voie d'être révolue (fin du dix-neuvième siècle, début du vingtième).
C'est Peter Strickland, qui en est fan, qui présentait le film dans le dvd sorti à l'époque.