58 saynètes tragi-comiques en plans fixes, d'une durée allant de quelques secondes à 3 minutes, dressant un portrait moral de l'Islande d'aujourd'hui, aux alentours du réveillon de Noël.
Le dispositif est quelque peu pompé sur un autre cinéaste nordique (dont je n'ai vu aucun film), Roy Andersson. Il a les défauts de ses qualités : le minimalisme apparent repose en fait sur une forme de surécriture qui accuse le ton moraliste et misanthrope du film. Il n'y a pas non plus de gros enjeux formels, malgré l'épure apparente : tout repose sur le cadre : chaque sketch se veut une performance (une sorte de mini film d'Haneke) et la nécessité de boucler chaque scène sur une pointe morale rend apparentes les coutures. Ceci dit il reste assez drôle, et repose sur une colère contre ce qu'on pourrait appeler la mesquinerie commune au libéralisme et au populisme, et au manque de sensibilité à la crise écologique, qui a l'air sincère et parfois bien cernée. Et les acteurs sont très bons, maintiennent un registre comique. Disons que les amateurs des Idées Noires de Franquin, dont le film est une sorte de version de gauche dotée d'un peu plus d'humour et de lumière, devraient apprécier. Le film essaye aussi de couvrir tous les milieux (mais n'y parvient pas tout à fait), ce qui le fait ressembler un peu aux comédies cruelles d'Ettore Scola. Regardable.
Le sketch le plus réussi est sur l'engueulade classique pour une place de parking revue et corrigée à l'ère de #BalanceTonPorc. Comme chez Franquin la voiture joue un rôle important : elle représente l'espace public donné sous les apparences de la propriété. Elle s'oppose aux enfants qui eux ne peuvent pas se déguiser derrière une valeur : d'où le silence de l'une et les pleurs des autres.