Santa Barbara, été 1979. L'époque est marquée par la contestation et d'importants changements culturels. Dorothea Fields, la cinquantaine, élève seule son fils Jamie. Elle décide de faire appel à 2 jeunes femmes pour que le garçon, aujourd'hui adolescent, s'ouvre à d'autres regards sur le monde : Abbie, artiste punk à l'esprit frondeur qui habite chez Dorothea, et sa voisine Julie, 17 ans, aussi futée qu'insoumise.
Mike Mills continue sur la même veine que son joli Beginners avec sa mélancolie low-fi et son univers doux et émouvant. Porté par un excellent trio d'actrices (Gerwig, Benning et Fanning), ça serait se tromper de limiter le film à sa dimension féministe tellement il raconte plus l'apprentissage d'un jeune adolescent à la vie adulte. Ce qui frappe avant tout c'est la mise en scène planante. Mills est l'ancien clippeur d'Air et on retrouve tout à fait le mood propre au groupe et à ses clips comme ses belles escapades "colorées" en voiture. Il y a pas mal d'effets de style mais toujours pertinents et qui renforcent l'immersion au sein de cette étrange cellule familiale.
Un cran au-dessus de Beginners , Mills passe un palier et arrive à saisir l'insouciance d'une époque (sans tomber dans le piège du c'était mieux avant). Le film est très fort dans son écriture et juste dans sa vision de la sexualité et de l'éducation sentimentale que ce soit féminine ou masculine. Histoire semi-autobiographique, on est ici plus dans un portrait générationnel revigorant très délicat dans sa construction et qui fait la part belle aux personnages. Joli film généreux dans sa narration et sa nostalgie douce amère, Mills laisse transparaitre le doux vent libertaire de l'époque mais offre surtout une jolie déclaration d'amour aux femmes qui ont peuplé sa jeunesse.
4,5/6