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The Irishman (Martin Scorsese, 2019)
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Auteur:  latique [ 02 Mai 2020, 12:22 ]
Sujet du message:  Re: The Irishman (Martin Scorsese, 2019)

scienezma a écrit:
On peut y voir une faiblesse humaine du personnage, là encore c'est assez surprenant pour un type qui par ailleurs semble peu sentimental, est-ce qu'il n'y a pas aussi une part de calcul de sa part, vouloir être aimé de tous pour monter plus haut en skred

Il semble peu sentimental, mais n'empêche, il ne se fait pas à l'idée que sa fille l'aime pas et lui préfère Hoffa. Il demande à Hoffa de lui remettre le prix, à la fin, alors qu'il vaudrait mieux que ce soit un autre. Il aime la loyauté, la fidélité.
Je ne vois aucun calcul, aucune ambition chez lui.

scienezma a écrit:
Il me semble qu'il est surtout à un moment donné clivé par ceux qui l'entourent, il est pris dans une sorte de double bind qui implique que quelque soit le choix qu'il fasse, il verra ses relations menacées ; donc il hésite.

La contradiction, ça c'est certain et c'est toute la tragédie de la fin (du moins, si on le prend en pitié, parce qu'en un sens, c'est un bourreau). La scène à la cafétéria avec Russ est même particulièrement retorse. Juste avant, Sheeran a compris que Hoffa y passerait mais ça ne devait pas être lui qui s'en charge.
Là, à la cafétéria, Russ lui dit: "J'ai été obligé de t'impliquer sinon, tu ne l'aurais jamais laissé faire". Dans le genre injonction contradictoire, c'est pas mal: c'est toi qui vas le tuer, sinon tu ferais tout pour empêcher qu'on le tue.
On comprend aussi que si c'est pas lui qui s'en charge, alors lui et sa femme y passent:
Russ: "La seule raison pour laquelle ils ont accepté, c'est par respect pour moi. Mais toi et Irène, vous ne risquez rien, parce que tu es avec moi".
Russ les sauve, lui et sa femme, en obligeant Sheeran à tuer Hoffa.
Il n'y a alors aucune hésitation de Sheeran: s'ensuit la longue séquence de la mise en place du piège, sans musique, implacable, jusqu'au meurtre d'Hoffa.

Pourquoi Sheeran accepte de tuer Hoffa, alors qu'il aurait tout fait empêcher ce meurtre, selon Russ? Franchement, c'est pas du tout sûr qu'il aurait empêché ce meurtre (on ne le voit rien faire en ce sens entre le moment où il sait que le meurtre est décidé et cette scène à la cafétéria). On pourrait penser qu'il accepte de s'en charger pour sauver sa peau, celle de sa femme. Mais je ne suis pas sûr non plus. Selon moi, c'est plutôt par loyauté vis-à-vis de Russ, qui s'implique personnellement dans l'affaire et qui décide, contre l'avis des Anciens, de sauver Sheeran et sa femme. C'est pour ça que, comme d'habitude, Sheeran s'exécute, dans tous les sens de ce mot.

(Si on fait le lien avec la scène des prisonniers abattus en forêt, alors on peut dire que Sheeran est sauvé in extremis de la mort, par Russ, parce qu'il a bien fait son boulot jusque là. Maintenant, toute la question, c'est de savoir dans quelle mesure sauver sa peau, c'est être sauvé...)

Auteur:  Cantal [ 03 Sep 2020, 12:27 ]
Sujet du message:  Re: The Irishman (Martin Scorsese, 2019)

Criterion dans le contournement Netflix après Roma

Image

Auteur:  flatclem [ 03 Sep 2020, 17:09 ]
Sujet du message:  Re: The Irishman (Martin Scorsese, 2019)

The a Martin Scorsese picture Irishman

Auteur:  tomh5157 [ 07 Sep 2020, 19:36 ]
Sujet du message:  Re: The Irishman (Martin Scorsese, 2019)

Peut-être parce que le film donne l'impression d'être le dernier et grandiose tour de piste d'acteurs légendaires vieillissants (De Niro, Pacino, Pesci) et qu'il n'auront probablement pas la chance d'être réunis de façon aussi éclatante dans une autre production. Peut-être aussi parce que cette réunion au sommet avec le réalisateur Martin Scorsese (lui même en route vers ses 80 ans) crée une sorte de mise en abyme qui prend corps d'une superbe façon dans un récit sur la ténacité poussée à travers les années et la détérioration. C'est l'angle d'approche audacieuse qu'a pris Scorsese pour réinventer sa recette. Pas d'étincelles, mais des rayons et leurs derniers scintillements. Ici, le crime organisé n'est pas romantisé, ni héroisé, on nous montre plutôt sa banalité à travers des personnages un peu tristes qui subiront l'usure du temps. Rarement aura t-on vu regard aussi introspectif sur la mafia et la corruption. D'un côté, ceux obsédés par le pouvoir jusqu'au châtiment programmé, de l'autre ceux qui absorbent silencieusement les conséquences par fraternité en dépit de leur véritable famille.

Auteur:  FingersCrossed [ 13 Mai 2023, 18:40 ]
Sujet du message:  Re: The Irishman (Martin Scorsese, 2019)

gloire à la filmothèque pour m'avoir permis de le voir au cinéma, parce que quel que soit le film j'ai beaucoup de mal à regarder plus de 2h15 à la télévision mais alors 3h30 de ce film-là je serais devenu un poco loco.

parce que la durée est quand même profondément en centre de tout dans ce film. en positif, elle lui donne une ampleur et un rythme qui, évidemment, colle à cette notion d'accompagner un homme pendant une aussi longue partie de sa vie. en négatif, on a des scènes qui ne servent à rien, des scènes qui répètent avec une nuance ce qu'on a déjà vu et compris, des scènes qui durent 2 minutes de trop sans aucune raison. et surtout, cette durée dilue les enjeux narratifs jusqu'à ce qu'on ne comprenne plus très bien l'histoire racontée. forrest gump chez les mafieux ? analyse de comment un homme qui "aussi loin qu'il s'en souvienne, n'a pas toujours rêvé d'être un gangster" devient un tueur sans âme ? mini biopic de jimmy hoffa ? évocation de la manière dont un vieillard se souvient de sa vie quand tout ça n'a plus d'importance ? il y a plusieurs choses, et ça aurait été quand même pas mal de choisir.

c'est donc un film de vieillards, et c'est clairement son aspect le plus touchant. joe pesci m'a bouleversé, son visage, son charisme, son évolution par rapport à ses autres rôles... de niro dont on retrouve un peu le charisme et la profondeur, pacino qui cabotine... cette manière de filmer comme des stars des gens qui n'en sont plus à ce moment M, ces grands et beaux rôles pour ces vieilles légendes, la manière dont ce qu'il raconte colle à cette approche, c'est une démarche cinématographique riche, passionnante, (assez unique ? je pense à une chance sur deux ou les vieux grincheux mais bon...), et hyper émouvante. la manière dont il filme la vieillesse, autant physiquement que comme moment de l'existence, c'est très beau. qu'il ait lui-même adopté un style de mise en scène vieilli, usé et fatigué colle parfaitement, même si j'ai trouvé ça parfois quasiment mal filmé, en tout cas sans aucun brio, même subtil. et cette image extremement numérique 6534k, dégueu.

à côté de ça, je n'ai aucune fascination - même lointaine - pour les mafieux, donc les aventures et mésaventures de ces mecs me laissent totalement indifférent, qu'ils crèvent tout, le plus tôt est le mieux, ça me va très bien.

un film assez unique, qui m'a impressionné à défaut de m'avoir plu, parfait témoin du moment où netflix avait assez de fric et la volonté de produire ça - ça ne se reproduira probablement plus, pur produit de la déification de scorsese qui, comme d'habitude, ne rend pas vraiment service à l'artiste - ces deux éléments ne faisant qu'ajouter, avec 4 ans de recul, des aspect supplémentaires à la ballade mélancolique dans un monde qui n'existe plus qui constituait la base du projet.

Auteur:  Mickey Willis [ 14 Oct 2023, 18:04 ]
Sujet du message:  Re: The Irishman (Martin Scorsese, 2019)

ça fait une drôle d'impression de remonter la filmo de Scorsese et de terminer sur ce film. Vraiment j'en suis ressorti déprimé, et terrifié du temps qui passe.

Perso j'ai fait à plusieurs reprises le lien avec Twin Peaks Saison 3 qui semblait comme une renaissance virtuose, une nouvelle vie à des personnages et des acteurs qu'on croyait avoir perdus à jamais, une émotion de les retrouver qui limite me mettait au bord des larmes juste avec le générique.

Ici j'ai plutôt éprouvé de la peine à voir De Niro galérer à se mouvoir mais ça m'a surtout gêné durant les années "jeunes" où les effets deaging m'ont vraiment parus ridicules tant déjà sa tête ne ressemblait pas à celle que l'on connait déjà d'il y'a 30 ans + le fait qu'il continuait de bouger comme un papy. Qui peut vraiment croire à la scène où il débarque dans l'épicerie et qu'il tabasse le vendeur en deux temps trois mouvements ?

Je vais pas mentir je n'ai pas pu m'empêcher de trouver ça mou, et que le temps passait lentement. Heureusement j'ai trouvé de la vitalité chez Pacino et de la classe chez Pesci.

Sheeran est un personnage extrêmement frustrant, je trouve qu'on ne comprend pas ses motivations: La débauche ? Le film raconte l'inverse de l'archétype du gangster Scorsesien, soit. La gloire ? Son statut ne bouge pas tant que ça. L'argent ? Il vit comme un mec de classe moyenne banale. Il va se lamenter de ses choix mais à part à la fin je trouve qu'il n'a jamais été confronté à des dilemmes, il mène une vie qui sent l'échec à chaque endroit, la vie d'un homme passif qui regarde son existence passer devant lui, tout perdre sans réagir, sans s'extirper de sa situation malgré des signaux évidents (sa fille qui s'éloigne de lui), sans émotion.

En regardant les films de Scorsese justement récemment je me disais qu'on ne voyait plus tellement aujourd'hui des films de gangster iconiques, sûrement parce que le milieu avait perdu de son magnétisme, de son aura, de sa mythologie. Est-ce que ça existe encore les familles italiennes qui contrôlent des quartiers de New-York ? ça a complètement disparu de l'imaginaire collectif. Aujourd'hui les gangsters on les vois en faits divers au JT, c'est des mecs qui contrôlent des territoires dans les quartiers Nord de Marseille ou en banlieue parisienne dont tout le monde se fout, il n'y'a plus de glamour qui y est associé. C'est des conducteurs de camions de viande qui truandent et qui se font de l'argent à la marge.

Je me suis dit que ce film était peut être le visage des grands films de Scorsese, Coppola, Tarantino etc. Un peu un truc de vieux ? En tous cas Scorsese porte un regard poignant sur ce qui a fait le sel de son cinéma, ça m'a beaucoup marqué, mais un peu ennuyé aussi malgré tout...

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