En apparence, le film est élémentaire: une présentatrice de talk show vieillissante a recours à une jeune pleine de peps pour revitaliser son émission. Choc générationnel + un peu de DIABLE S'HABILLE EN PRADA dans le monde des médias, ça va rouler tout seul.
Et pourtant, rien ne roule, jamais. Dès le départ, il y a un problème: on ne voit pas l'émission d'Emma Thompson, donc on ne comprend pas pourquoi elle serait en perte de vitesse - Kaling (qui a écrit le film) choisit inexplicablement de nous la présenter acceptant un prix de l'humour. Mais juste après, on nous dit que son show n'est pas suffisamment drôle car elle reçoit Doris Kearns Goodwin plutôt que faire un concours de pliage de couette avec son invité. OK donc on se dit que c'est la british plutôt intello. Mais juste après, on nous dit qu'Emma Thompson a peur de parler de l'avortement à l'écran car ça pourrait nuire à ses audiences - genre le public qui mate une anglaise de 56 ans interviewant la biographe de Lincoln ou la sénatrice Diane Feinstein est un public de droite... Du coup, la patronne de la maison-mère veut virer Emma Thompson car elle n'est pas suffisamment moderne et veut la remplacer par un jeune misogyne et limite xénophobe car "c'est plus dans le coup" - genre c'est ça l'air du temps en 2019
C'est là qu'on voit que le film, tout à sa démonstration sociétale, oublie de faire sens.
Ayant été stagiaire chez Conan O'Brien, Mindy Kaling (par ailleurs à croquer pendant tout le film) sait pourtant de quoi elle parle, mais elle n'arrive à aucun moment à le distiller en un récit fluide et cohérent - lequel récit est mis à sac par des liaisons heurtées entre les scènes et le filmage le plus plan-plan du monde -, jusqu'à un double climax cathartique sans queue ni tête.
Ça reste une comédie américaine donc y a deux-trois moments qui font mouche, mais sinon c'est un ratage presque intégral.