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Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)
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Auteur:  Art Core [ 28 Mai 2019, 10:50 ]
Sujet du message:  Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

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Dans le genre "polar d'auteur", une spécialité française (Godard, Pialat, Tavernier, Beauvois, Maïwenn...), Desplechin s'est planté dans les grandes largeurs. Il y a presque rien qui fonctionne dans ce film incroyablement mal écrit, on a l'impression qu'ils ont tourné une V1 pas du tout finalisée tellement par moment ça paraît n'importe quoi. Dans la première partie Desplechin opte pour une forme de chronique dans la petite criminalité de Roubaix dans laquelle nous entrons par le sempiternelle personnage du flic qui vient d'être affecté dans un nouveau commissariat. Ce personnage, perclus de doutes, qui lit Lévinas et qui se console dans la religion est totalement abandonné très rapidement comme si toute cette introduction n'avait servie à rien. Il faut dire qu'il est incarné par Antoine Reinartz totalement miscast, pas crédible une demie seconde donc peut-être que son rôle a été raboté au montage. Mais c'est pas le seul problème, plein de choses sont introduites dans la première partie pour être totalement lachées par la suite (comme le neveu de Roschdy Zem, en prison, dont on ne sait rien, deux scènes qui ne servent à rien). Parce que très vite, le film se concentre sur une seule et même enquête, une sordide histoire de meurtre où deux jeunes filles sont les principales suspectes.

Là encore gros problème de casting. Léa Seydoux joue une espèce de pensionnaire du RSA cassos qui vit en colocation avec Sara Forestier. Sauf que la première apparition de Léa Seydoux tu as juste envie de rire tellement tu y crois pas. C'est pas tant qu'elle ne soit pas bonne dans le rôle, elle est au contraire excellente, c'est juste que ça marche pas du tout, sa diction, son physique, on n'y croit pas une seconde avec sa casquette pourrie et son pull en laine bouloché, on ne voit que Seydoux qui joue. Face à elle à l'opposé total du spectre Forestier est excellente, elle en fait presque trop, mais clairement tu as face à toi une "cassos" du nord au bord de la rupture. Mais c'est un problème plus global dans le film, Desplechin d'un côté organise sa petite cour d'acteurs dans un dispositif finalement assez factice en tentant très maladroitement d'atteindre une certaine veracité à travers des personnages visiblement joués par des non-professionnels qui sentent furieusement le "vrai" (notamment cette mère maghrébine qui s'exprime avec un accent du nord à couper au couteau). Cela crée une espèce de dissonnance rédhibitoire. On peut le voir aussi dans les scènes d'interrogatoire totalement ratées où Roschdy Zem (qui est excellent, impérial comme toujours) joue au flic sympa et philosophe alors que dans son dos, des personnages secondaires joués peut-être par de vrais flics éructent des injonctions brutales ("tu vas parler oui", "arrête de mentir et dit la vérité"). C'est super abrasif et irritant.

Reste la relation entre les deux filles où se lovent un peu l'humanité du film, dans cette pseudo histoire d'amour, qui aboutit à la plus belle scène du film, celle de la reconstitution où l'émotion affleure enfin même si on reste finalement en surface (des personnages, de l'affaire etc...). Et le film se clôt sur un immonde arrêt sur image d'un cheval au galop, plan le plus dégueulasse vu à Cannes cette année. Comme me disait un collègue, il y a des épisodes de Navarro plus palpitant que ce film quand même très raté où on comprend pas trop ce que Desplechin a voulu faire visiblement tiraillé entre un côté réaliste et chronique de Roubaix, de cette ville industrielle un peu abandonnée, sa mixité et les problèmes que ça entraîne (chouette scène où Zem se remémore son enfance) et ce gros tronçon central beaucoup plus théâtral où on est plus franchement dans une fiction à la fois datée et franchement sans grand intérêt. Son plus mauvais film avec Jimmy P. probablement.

2/6 (gentil parce que franchement on est souvent pas loin de la catastrophe)

Auteur:  sponge [ 28 Mai 2019, 11:53 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

P'tain, j'ai limite envie de le voir (en mode maso), pour voir comment est "représenté" Roubaix (RBX pour les intimes).

Auteur:  Film Freak [ 28 Mai 2019, 11:54 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

FTG.

Auteur:  sponge [ 28 Mai 2019, 11:59 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

NPdC rpz.

Auteur:  Art Core [ 28 Mai 2019, 12:15 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

sponge a écrit:
P'tain, j'ai limite envie de le voir (en mode maso), pour voir comment est "représenté" Roubaix (RBX pour les intimes).


Image d'une ville du nord comme on se l'imagine, triste, grise et pauvre. Mais il y a un vrai amour de la ville par le personnage principal, il y a pas du tout de regard méprisant.

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 28 Mai 2019, 13:20 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

Est-ce qu'on voit le parc Barbieux ?

Auteur:  Art Core [ 28 Mai 2019, 13:28 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

Il y a une scène dans un parc que le perso de Roschdy Zem aime bien mais je sais pas si c'est celui-là.

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 28 Mai 2019, 13:30 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

Ça doit être celui-ci
Bon je vais y aller
.
J'aime bien Jimmy P. sinon.

Auteur:  Déjà-vu [ 22 Aoû 2019, 10:12 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

On a l'impression que le film n'est pas tenu, qu'il est dispersé, avec une musique grave qui gronde en permanence en guise de liant, ce qui est assez pénible, et cette obsession curieuse de Desplechin pour la foi catholique qui semble plus être le fait d'une aspiration personnelle qu'un véritable sujet. Heureusement il finit par se recentrer sur l'enquête principale et là c'est mieux, il y a quelque chose d'intéressant dans l'accouchement laborieux de la vérité et la confrontation des versions. Reste que si le film s'était contenté de ça, il n'aurait pas dépassé non plus la simple reconstitution. Si on m'avait demandé combien de temps ça dure en sortant de la salle, j'aurais dit 2h30 et non pas 2h00.

Auteur:  Art Core [ 22 Aoû 2019, 10:59 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

Très étonné par la réception critique ultra élogieuse d'ailleurs alors qu'il m'avait semblé avoir été reçu fraîchement à Cannes.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 22 Aoû 2019, 11:36 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

Déjà-vu a écrit:
On a l'impression que le film n'est pas tenu, qu'il est dispersé, avec une musique grave qui gronde en permanence en guise de liant, ce qui est assez pénible, et cette obsession curieuse de Desplechin pour la foi catholique qui semble plus être le fait d'une aspiration personnelle qu'un véritable sujet. Heureusement il finit par se recentrer sur l'enquête principale et là c'est mieux, il y a quelque chose d'intéressant dans l'accouchement laborieux de la vérité et la confrontation des versions. Reste que si le film s'était contenté de ça, il n'aurait pas dépassé non plus la simple reconstitution. Si on m'avait demandé combien de temps ça dure en sortant de la salle, j'aurais dit 2h30 et non pas 2h00.
OK qui a hacké le compte de Déjà-Vu ?

Auteur:  Déjà-vu [ 22 Aoû 2019, 11:59 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

Qui-Gon Jinn a écrit:
OK qui a hacké le compte de Déjà-Vu ?

Tu as eu celle de Perdrix en exclu.

Auteur:  Arnotte [ 22 Aoû 2019, 14:09 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

Qui-Gon Jinn a écrit:
Déjà-vu a écrit:
On a l'impression que le film n'est pas tenu, qu'il est dispersé, avec une musique grave qui gronde en permanence en guise de liant, ce qui est assez pénible, et cette obsession curieuse de Desplechin pour la foi catholique qui semble plus être le fait d'une aspiration personnelle qu'un véritable sujet. Heureusement il finit par se recentrer sur l'enquête principale et là c'est mieux, il y a quelque chose d'intéressant dans l'accouchement laborieux de la vérité et la confrontation des versions. Reste que si le film s'était contenté de ça, il n'aurait pas dépassé non plus la simple reconstitution. Si on m'avait demandé combien de temps ça dure en sortant de la salle, j'aurais dit 2h30 et non pas 2h00.
OK qui a hacké le compte de Déjà-Vu ?

:lol: j’ai pas osé faire la remarque ..

Auteur:  Déjà-vu [ 22 Aoû 2019, 14:46 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

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Sur cette photo on sent bien que Roschdy a envie de la bouillave.

Auteur:  Mickey Willis [ 03 Sep 2019, 22:22 ]
Sujet du message:  Re: Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

Art Core a écrit:
Ce personnage, perclus de doutes, qui lit Lévinas et qui se console dans la religion est totalement abandonné très rapidement comme si toute cette introduction n'avait servie à rien. Il faut dire qu'il est incarné par Antoine Reinartz totalement miscast, pas crédible une demie seconde donc peut-être que son rôle a été raboté au montage.


C'est marrant je voulais justement évoquer ça, mais dans le sens inverse: le fait qu'un personnage clairement introduit comme le personnage principal au début du film, en tous cas celui à travers lequel on pense que l'on va nous raconter l'histoire, se fait rapidement mettre au second plan par un Roschdy Zem impérial qui comme son personnage prend le devant de la scène, de la même manière qu'il prend l'affaire en main. C'est le boss. Je ne sais pas à quel point c'est voulu mais je me plais davantage à croire que c'est volontaire, et je trouve ça assez géniale l'idée de ce glissement, ça justifie pour moi les hésitations du début du film, ces routes qui s'ouvrent sans être tout à fait empruntées. ça renforce l'idée que l'histoire se déroule devant nous, comme si personne n'était réellement maître de ce qui allait se passer.

Après je suis d'accord, y'a quand même des trucs un peu longuets. Et comme toi, j'ai eu du mal avec l'hystérie qui entoure les scènes d'interrogatoire, où ça gueule dans tous les sens. Je me suis demandé pourquoi car ça ne semblait pas du tout naturel (à part le gros bonhomme flic, ça passe plutôt bien avec lui, mais la meuf avec Reinartz par exemple ça va pas du tout) mais peut-être tout bêtement car le cinéma ne représente pas ce type de scène de cette façon en général, et que c'est lui qui déforme la réalité finalement ? En tous cas ça permet de mettre en avant le personnage de Zem, qui lui reste calme en toute circonstance, mais de manière un peu trop forcée tout de même.

Sur Reinartz, son jeu colle peut-être pas au personnage par contre je me suis fait la reflexion qu'il pouvait totalement être un acteur desplechinesque. J'ai envie de le revoir dans un autre registre.

4/6 pour moi

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