Photographe de mode et voyeur de son état, Ramón rend visite à ses parents. Quand il assiste, désemparé, à ce qu'il croit être le suicide de sa mère bien-aimée, il sombre immédiatement dans un sommeil cataleptique. Son beau-père le découvre et le laisse pour mort. Il engage Kika, une charmante esthéticienne, pour maquiller le défunt. Mais la belle ne fera pas que donner du rose aux joues du mort. Réveillé et bien vivant, Ramón devient l'amant de Kika.
Plutôt agréablement surpris vu la réputation assez médiocre du film qui s'était fait démonter par la critique à sa sortie en salles et qui est considéré un peu comme le vilain canard dans la filmographie d'Almodovar. Kika est pourtant une oeuvre charnière dans la carrière d'Almodovar dans le sens que c'est vraiment le film transition entre sa période movida hystérique et ses mélos plus calmes et plus construits. D'ailleurs, il réalisa ensuite son film Sirkien qu'est La fleur de mon secret. On retrouve de la première le côté coloré et la gouaille de ses actrices et de la seconde l'art du conteur et le goût pour les drames.
Le mélange est assez étonnant et pourrait s'annihiler mais fonctionne plutôt bien comme l'illustre la scène centrale du film qu'est un viol de 10 minutes qui instaure à la fois le malaise mais se finit dans le grotesque. Le film est toujours dynamique et ce sont ses actrices (Rossy de Palma, Véronica Forqué et Victoria Abril) qui emportent le morceau. Toujours agitées, dotées de dialogues pimentés, ce sont elles les vrais moteurs du film. Il faut aussi voir les costumes de Victoria Abril réalisés par Jean-Paul Gaultier qui valent le détour. Ca manque de la rigueur et de l'ampleur de ses films suivants mais l'ensemble reste bon. Séance extrêmement plaisante de mon côté, farce colorée avec un humour noir qui me plait.
4/6